International

Négociations au Qatar, opération israélienne contre un hôpital

19.03.2024 14h45

Négociations pour une trêve à Gaza, au bord de la famine

Des Palestiniens recherchent mardi des personnes disparues sous les décombres à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans le camp de réfugiés d'Al Nusairat, dans le sud de la bande de Gaza.

Photo: KEYSTONE/EPA/MOHAMMED SABER

Les efforts des médiateurs se sont encore intensifiés mardi pour parvenir à une trêve dans la bande de Gaza assiégée, où la famine guette des centaines de milliers de Palestiniens après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas.

Les ONG et agences de l'ONU ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur le risque de famine dans le territoire palestinien, en particulier dans le nord, difficilement accessible, où vivent actuellement plus de 300'000 personnes.

'Cent pour cent de la population' de Gaza se trouve 'dans une situation d'insécurité alimentaire grave', a affirmé mardi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, à la veille d'une nouvelle tournée régionale. 'C'est la première fois qu'une population entière est ainsi classée', a-t-il ajouté.

Les sévères restrictions imposées par Israël à l'entrée de l'aide humanitaire et la possible utilisation de la faim comme arme pourraient 'constituer un crime de guerre', a averti l'ONU mardi.

'Pas assez de nourriture'

Selon les agences de l'ONU, un habitant sur deux à Gaza, soit plus de 1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire 'catastrophique' proche de la famine.

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état mardi de 93 morts en 24 heures dans les opérations israéliennes, dont 15 personnes incluant des femmes et des enfants tuées à Rafah, dans l'extrême sud du territoire.

Dans le camp de Jabaliya, dans le nord, des Palestiniens se bousculaient derrière une grille fermée en espérant recevoir une assiette de soupe aux carottes.

'Nous sommes venus faire la queue, mais ils nous ont jetés dehors. Il n'y a pas assez de nourriture', a témoigné un habitant, Mousaab al-Masry.

Saed Ismail, un homme revenu avec sa femme à Jabaliya où il a retrouvé sa maison en ruines, a raconté à l'AFP qu'il fait la queue devant les distributions de nourriture 'avec l'espoir de recevoir de la mauve', une herbe sauvage avec laquelle le couple fait de la soupe. 'C'est toujours de la mauve, nous ne mangeons rien', a-t-il ajouté.

Combats et bombardements

Dans le nord, l'armée a poursuivi mardi ses opérations commencées la veille dans l'hôpital al-Chifa de la ville de Gaza.

Elle a dit avoir tué 'plus de 50 terroristes' et arrêté environ '180 suspects'.

Des combats accompagnés de bombardements aériens ont eu lieu autour et dans le complexe, que l'armée avait pris d'assaut le 15 novembre avant de s'en retirer.

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état mardi de 'dizaines' de tués et de blessés aux abords de l'hôpital et dans les quartiers voisins.

Depuis le début de la guerre, les hôpitaux de Gaza sont souvent pris pour cible par l'armée qui accuse le Hamas d'utiliser les civils comme boucliers humains.

Après des mois d'efforts infructueux des trois pays médiateurs, Etats-Unis, Qatar et Egypte, pour parvenir à une trêve, le chef des services de renseignement israéliens David Barnea s'est rendu lundi à Doha pour y rencontrer, selon une source proche des négociations, le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahman Al-Thani, et des responsables égyptiens.

'Prudemment optimiste'

M. Barnea a quitté Doha mardi mais des 'équipes techniques' continuent de discuter d'un éventuel accord sur un cessez-le-feu et la libération des otages, selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, Majed al-Ansari, qui s'est dit 'prudemment optimiste'.

Dans le même temps, Antony Blinken est attendu mercredi en Egypte puis se rendra en Arabie saoudite, dans le cadre des efforts pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et y augmenter l'aide humanitaire.

Dans un entretien téléphonique avec le président américain Joe Biden, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a réaffirmé lundi être déterminé à 'atteindre tous les objectifs de la guerre' parmi lesquels 'l'élimination du Hamas'.

En dépit des pressions internationales, Israël se prépare à une opération terrestre à Rafah où s'entassent, selon l'ONU, près d'un million et demi de Palestiniens.

Joe Biden, qui s'est dit 'profondément inquiet', a demandé l'envoi à Washington d'une délégation israélienne pour discuter 'des façons de cibler le Hamas sans mener une vaste offensive terrestre à Rafah'.

Israël a imposé un siège total à la bande de Gaza depuis le début de la guerre et contrôle l'entrée de l'aide humanitaire qui arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux besoins immenses de la population.

Face à l'urgence humanitaire, plusieurs pays organisent des parachutages et ont ouvert un couloir maritime depuis Chypre, mais tous soulignent que ces voies d'approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.

Les autorités chypriotes ont annoncé mardi qu'un deuxième bateau chargé d'aide humanitaire partirait de Chypre 'dans les prochains jours', après l'arrivée le 15 mars à Gaza d'un premier bateau de l'ONG espagnole Open Arms, chargé de 200 tonnes de vivres fournis par l'ONG américaine World Central Kitchen.

Cette ONG a annoncé mardi que la cargaison avait été acheminée dans le nord de Gaza, où elle a commencé à être distribuée par le Programme alimentaire mondial des Nations unies.

/ATS