Culture

Invités d'exception et retour du public pour les 20 ans du FIFDH

15.02.2022 11h00 Rédaction / ATS

Femmes à l'honneur et discussion sur le racisme aux 20 ans du FIFDH

La 20e édition cette année sera la dernière dirigée par Isabelle Gattiker pour le FIFDH à Genève (archives).

Photo: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

À Genève, le Festival du film international sur les droits humains (FIFDH) retrouvera pour ses 20 ans son public, après deux éditions en ligne avec la pandémie. Du 4 au 13 mars, les femmes et le racisme en Suisse sont les thèmes de prédilection de l'édition anniversaire.

Cette édition, dévoilée mardi à Genève, sera également la dernière dirigée par Isabelle Gattiker qui prendra ensuite ses nouvelles fonctions au canton de Genève. La patronne du FIFDH se réjouit de pouvoir retrouver le public avant de quitter le festival. «C'est beaucoup d'émotion et un soulagement aussi», a-t-elle affirmé à la presse.

En 20 ans, le FIFDH a connu un «immense» changement, selon elle. «Nous pouvons rivaliser avec les plus grandes salles», tout en restant «irrévérencieux», «militants», «optimistes» et «libres», se félicite-t-elle.

A titre personnel, elle retient notamment le débat depuis Moscou il y a quelques années avec le lanceur d'alerte américain Edward Snowden ou encore la tournée internationale du festival sur deux ans. «Il reste énormément à faire» pour son successeur, affirme-t-elle. Comme faire venir l'actrice américaine Jane Fonda que Mme Gattiker aimerait voir à Genève. «Nous étions près» de l'avoir et elle souhaite participer, dit-elle.

Cette année, le FIFDH sera résolument tourné vers les femmes. Ouvert par la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet, il sera dédié à la journaliste et activiste vietnamienne Pham Doan Trang, détenue depuis plusieurs mois dans son pays. De même qu'à la secrétaire générale du syndicat des employés de maison à Trinité-et-Tobago, Ida Leblanc qui recevra un prix.

Suissesses noires

Parmi les invités, la lanceuse d'alerte américaine Chelsea Manning parlera des effets des droits humains liés aux données numériques. Elle avait vu sa peine de 35 ans de prison par une cour martiale commuée, après avoir relayé à WikiLeaks des centaines de milliers de documents confidentiels militaires et diplomatiques. Une situation qui vaut toujours au fondateur de WikiLeaks Julian Assange la menace de 175 ans de prison aux Etats-Unis.

L'activiste américaine pour le droit à l'avortement Paxton Smith, la directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) Ngozi Okonjo-Iweala et la Prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi participeront également. Autre symbole, la moitié de la trentaine de films présentés ont été réalisés par des femmes ou des représentants des minorités de genre.

Parmi les différentes thématiques, le racisme est à nouveau largement abordé. La situation en Suisse sera discutée cette fois-ci au travers de deux débats.

Après des polémiques qui ont visé d'autres villes, le premier se penchera sur l'héritage raciste dans les monuments genevois. Une étude a été demandée par la Ville de Genève à deux professeurs de l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) et doit être dévoilée début mars.

Mais le débat s'élargira à l'ensemble du pays, quelques semaines après les critiques virulentes des membres du groupe de travail de l'ONU sur les personnes d'ascendance africaine. Celles-ci avaient notamment dénoncé le «racisme systémique» en Suisse. La discussion portera sur les Suissesses noires autour du documentaire «Je suis noires». Isabelle Gattiker ajoute:

«Le racisme systémique s'applique à la Suisse et il faut l'affirmer»

Chine, Yézidis ou aussi écocides

Parmi les autres questions abordées, la Chine sera également au centre du festival. Le militant et ancien parlementaire de Hong Kong Nathan Law sera présent. De même qu'une survivante ouïghoure, alors que Pékin est ciblé par de nombreux gouvernements, dont la Suisse, pour retenir plus d'un million de représentants de cette minorité dans des camps d'internement. Des discussions sur les enfants de djihadistes en Syrie ou sur les écocides sont également prévues.

Outre «Je suis noires», plusieurs films seront montrés en première mondiale. Notamment sur le génocide des Yézidis ou sur la Colombie, en présence de l'ex-chef de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Rodrigo Londoño.

Le jury de la compétition de fiction sera présidé par la cinéaste afghane Shahrbanoo Sadat et celui du documentaire par le réalisateur cambodgien Rithy Panh. Autour du festival, le volet pédagogique est reconduit. Des ateliers, du «street art», un concert, des podcasts ou encore des expositions seront prévus.