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La Russie impose la fin de la surveillance des sanctions onusiennes

28.03.2024 18h53

La Russie impose la fin de la surveillance des sanctions onusiennes

Dans son dernier rapport daté de début mars, le comité d'experts soulignait une nouvelle fois que la Corée du Nord continuait de "bafouer les sanctions du Conseil de sécurité", notamment en développant son programme nucléaire et en lançant des missiles balistiques. (Photo d'illustration)

Photo: KEYSTONE/AP/AHN YOUNG-JOON

La Russie, accusée par les Occidentaux d'importer des armes de Corée du Nord, a imposé jeudi la fin du système de surveillance des sanctions de l'ONU contre Pyongyang et son programme nucléaire. De nombreux membres du Conseil de sécurité ont décrié cette décision.

La Russie a mis son veto à un projet de résolution prolongeant d'un an le mandat du comité d'experts chargé de surveiller ces sanctions, une résolution qui a recueilli 13 voix pour. La Chine s'est abstenue.

'Ce qu'a fait la Russie aujourd'hui sape la paix et la sécurité dans le monde, tout cela pour favoriser un troc vicié que Moscou a scellé' avec Pyongyang, sur de l'armement notamment, a réagi Matthew Miller, le porte-parole du département d'Etat américain.

Moscou veut une réévaluation annuelle

La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité liées en particulier à son programme nucléaire, sanctions renforcées plusieurs fois en 2016 et 2017. Depuis 2019, la Russie et la Chine réclament au Conseil l'allègement de ces sanctions qui n'ont pas de date de fin.

Dans ce contexte, la Russie estime que le comité d'experts, dont les rapports font référence en la matière, n'a plus lieu d'être, se concentrant sur 'des questions sans intérêt pas à la mesure des problèmes auxquels fait face la péninsule'.

Elle a ainsi proposé au Conseil une réévaluation annuelle des sanctions. 'S'il y avait un accord pour un renouvellement annuel des sanctions, le mandat du comité d'experts aurait un sens', a estimé l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia.

'Admission de culpabilité'

Dans son dernier rapport début mars, le comité d'experts soulignait que la Corée du Nord continuait de 'bafouer les sanctions du Conseil de sécurité', notamment en développant son programme nucléaire, en lançant des missiles balistiques, en violant les sanctions maritimes et les limites d'importations de pétrole.

Il indiquait d'autre part avoir commencé à enquêter sur 'des informations venant des Etats membres sur la fourniture par la Corée du Nord d'armes conventionnelles et de munitions' à d'autres Etats en violation des sanctions, en particulier vers la Russie pour sa guerre en Ukraine.

'Ce veto n'est pas un signe de l'inquiétude pour la population nord-coréenne ou pour l'efficacité des sanctions. Cela concerne la Russie, obtenant la liberté de violer les sanctions en quête d'armes pour les utiliser contre l'Ukraine', a dénoncé l'ambassadrice britannique Barbara Woodward.

Ce veto 'est en fait une admission de culpabilité. Moscou ne cache plus sa coopération militaire avec la Corée du Nord (...) ainsi que l'utilisation d'armes nord-coréennes dans la guerre contre l'Ukraine', a commenté sur X le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba.

'Comité plus important que jamais'

'Au regard des tentatives répétées (de la Corée du Nord) de saper la paix et la sécurité internationale, le travail du comité est plus important que jamais', avaient insisté juste avant le vote dix membres du Conseil (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Corée du Sud, Japon, Malte, Sierra Leone, Slovénie, Equateur, Suisse).

'Il ne peut y avoir aucune justification à la disparition des gardiens du régime de sanctions', a fustigé l'ambassadeur sud-coréen Joonkook Hwang. 'C'est comme détruire des caméras de surveillance pour empêcher d'être pris la main dans le sac'.

La Chine, tout en s'abstenant, a soutenu les demandes russes de réévaluation des sanctions. 'Les sanctions ne devraient pas être gravées dans le marbre ou illimitées', a lancé l'ambassadeur adjoint Geng Shuang, estimant qu'elles avaient 'exacerbé les tensions' dans la péninsule et eu un impact 'négatif' sur la situation humanitaire.

/ATS