Genève

Élection du Vice-Bâtonnier: deux candidats en lice

29.04.2024 19h03 Denis PALMA

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Demain soir, l’ordre des avocats genevois élit son Bâtonnier ainsi que son Vice-Bâtonnier. Alors que la nomination de Sandrine Giroud ne fait aucun doute, la place de Vice-Bâtonnier, elle, est convoitée par deux avocats aux profils très différents: Me Simon Ntah d’un côté et Me Daniel Kinzer de l’autre: un affrontement en modernes et anciens. 

Décontraction et fougue d’un côté. Tradition, finesse et sang-froid de l’autre. C’est le feu et la glace qui s’affrontent pour occuper la chaise de vice-bâtonnier. Un combat entre modernes et anciens.  

Simon Ntah est sorti premier à 24 ans du Concours Michel Nançoz, comme du concours international d'éloquence Paris-Montréal. Fils d’un père camerounais et une mère biennoise, il plaide au tribunal en baskets sans cravate sous la robe d’avocat. Ce pénaliste, de bientôt 44 ans, a notamment représenté la famille d’Adeline, la sociothérapeute assassinée en 2013. 

Fougueux à ses débuts, Simon Ntah a toujours le feu qui brule en lui 

Située dans les locaux des nouveaux bâtiments de pont rouge à Lancy, son étude lui ressemble: moderne, sans bureaux attitrés. Fougueux à ses débuts, Simon Ntah a toujours le feu qui brule en lui. «Il y a toujours la nécessité d’avoir du courage et de se lever contre les choses qui sont injustes. Cette fougue, je ne l’ai pas perdue et je n’ai pas l’intention de la perdre. Elle est importante si l’on veut faire bouger les choses», affirme-t-il.

Daniel Kinzer, 52 ans, est né en Autriche. Après un diplôme en physique et philosophe, il devient comptable avant de bifurquer vers le droit. Ce pénaliste chevronné a plaidé de grosses affaires: le procès Benny Steinmetz notamment et dernièrement celui de la richissime famille indienne accusée de traite d’êtres humains. 

Kinzer, une approche quasi scientifique de ces dossiers

Reconnu pour sa finesse, l’avocat déploie une approche quasi scientifique de ces dossiers. Daniel Kinzer est surtout connu comme un redoutable procédurier, mais pas seulement dit-il. «Il ne faut pas oublier que la défense, c’est une affaire de cœur. La fougue, la verve, l’art oratoire, ce sont pour moi des éléments qui ont une partie de démonstration. Et qui dit démonstration, fait un peu opposition. J’essaie d’entrer en relation avec le juge pour l’emmener vers une autre manière de voir les choses», argumente l’avocat avec le souci de sous-peser chaque mots.   

«Nous n’avons pas le luxe d’attendre»

Les deux candidats sont d’accord sur les grandes lignes de leur programme. Les défis de la profession tournent autour de la défense du secret professionnel, la digitalisation du métier, l’utilisation de l’intelligence artificielle. Mais ils se différencient sur l’exécution de ces défis. Pour Me Simon Nath, il faut aller vite. «Nous avons déjà identifié les problèmes, maintenant nous devons les mettre en œuvre. Car nous n’avons pas le luxe d’attendre. Nous devons moderniser notre profession, déclare le pénaliste comme un candidat qui décline le cœur de son programme.» 

«L’ordre des avocats n’est pas une entreprise»

De son côté Me Daniel Kinzer prêche la concertation la plus large possible. «L’ordre des avocats n’est pas une entreprise, contre argumente-t-il. Vous ne pouvez pas imposer quelque chose à nos membres. Notre vocation est de donner envie et surtout de remporter leur adhésion. Sans cela, on ne fait rien. On les braque», affirme Daniel Kinzer.  

Le vote qui s’annonce serré demain: l’ordre des avocats compte un peu plus de 2000 membres avec d’un côté un millier d’anciens qui pourraient soutenir Me Daniel Kinzer et l’autre un autre millier de jeunes avocats tenté de voter pour Me Simon Nath. La mobilisation sera déterminante.