Genève

Les mamies font de la résistance pour leur restaurant

19.04.2024 19h40 Lucie Hainaut

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Des seniors montent au créneau pour conserver leur restaurant. La Brasserie de leur résidence modifie ses horaires et ferme désormais les week-ends: une catastrophe pour celles et ceux qui craignent l’isolement.

L’information est arrivée dans les boîtes aux lettres des Campanules, un immeuble avec encadrement pour personnes âgées (IEPA) de la presqu’île d’Aïre. Un flyer annonce aux habitants la fermeture en week-ends du restaurant de la résidence. Pour Colette, c’est une grosse déception: «J’ai pensé qu’ils pensaient pas du tout du tout aux personnes qui sont seules, et j’ai pensé que c’était triste» déplore la nonagénaire.

Elle vient tous les jours au restaurant pour avoir de la compagnie: «Le matin, je viens prendre mon deuxième petit-déjeuner. Il y a du monde, il y a des gens qui parlent et même si on ne me dit rien, il y a de la vie. Tandis que si je reste chez moi je suis seule, autour d’une assiette, et ce n’est pas drôle du tout» se désole Colette.

Un courrier pour protester

Ni une ni deux, Corinne, une autre résidente, décide d’écrire une lettre à la Fondation des logements pour personnes âgées ou isolées (FLPAI). C’est l’organisation qui loue les appartements des Campanules.

Corinne récolte 170 signatures: des résidents, mais aussi des habitants des environs. «J’ai entendu plusieurs personnes atterrées par la nouvelle. Surtout qu’on a été notifiés le jeudi avant Pâques, avec effet au premier avril soit le lundi suivant» explique-t-elle. Le court délai entre l’annonce de la fermeture les week-ends et son entrée en vigueur passe particulièrement mal. 

«Si vraiment ils veulent fermer, qu’ils ferment plutôt en semaine»

Les seniors trouvent aussi qu’une fermeture en fin de semaine est mal choisie pour plusieurs raisons: «J’ai un petit-fils adorable, je le vois tous les samedis ici, on mange ensemble au restaurant. Donc ça complique, tout à coup je ne peux plus le recevoir ici» regrette Arlette.

«Si vraiment ils veulent fermer, qu’ils ferment plutôt en semaine. Parce que le week-end c’est particulier. Je crois que c’est surtout le dimanche où les gens se sentent isolés, c’est psychologique mais le dimanche c’est spécial, les gens n’aiment vraiment pas se retrouver seuls ce jour-là» ajoute Corinne.

Une communication abrupte et maladroite

De son côté, la FLPAI reconnaît une communication abrupte et maladroite. Elle précise que la décision a été prise à cause des pertes financières du restaurant: près de 300'000 francs en un an. 

La Fondation ajoute que l’établissement rouvrira les week-ends à partir du 1er juin. En contrepartie, ses prestations seront réduites les lundis et mardis.

Une victoire donc pour Corinne et sa bande.