Genève

Transparence: les journalistes trop curieux doivent passer à la caisse

15.09.2023 19h38 Rédaction

JS

Dans son éditorial, notre rédacteur en chef Jérémy Seydoux réagit à la facture envoyée par l'Etat à Léman Bleu. 400 CHF à titre d'émoluments concernant le scandale des mandats délivrés par Fabienne Fischer à ses proches, affaire révélée par Léman Bleu et le Temps. La conseillère d’État Delphine Bachmann a décidé de faire passer les journalistes à la caisse.

«C’était l’agréable surprise hier matin au courrier. le département a mis sa menace à exécution. Une facture de 400 CHF à titre d’émoluments nous a été adressée par courrier recommandé. La facture est signée de la main de Delphine Bachmann. L’encre est encore fraîche.

Pourquoi cette facture? Elle est censée rémunérer le travail que l’administration a dû fournir pour remettre à Léman Bleu un certain nombre de documents publics, en application d’un règlement qui prévaut à l’État. On parle bien sûr des fameux mandats que Fabienne Fischer a accordés à l’époque à des associations liées a son compagnon et en faveur de projets dans lesquels Jean Rossiaud était impliqué.

400.-, pour, nous dit la facture, 4 heures de travail. Et surtout une décision motivée sur 4 pages qui a probablement coûté au contribuable bien davantage. On peut s’interroger si les juristes du département n’ont franchement pas mieux à faire qu’intimider ainsi la presse. 

Parce que voilà le problème, après les affaires Fischer, les autres départements sont dans le viseur des médias et des députés. Et des demandes d’accès sont en cours chez les autres magistrats. Les menaces d’émoluments pleuvent sur les journalistes en ce moment. Serait-ce le signe que d’autres départements ont des choses à cacher?

Genève, royaume de la gratuité à géométrie variable

Cette facture est difficilement compréhensible, car lorsque le député MCG Daniel Sormanni a sollicité des centaines de courriels qui lui ont été remis, là c’était gratuit. Y a-t-il deux poids, deux mesures? D’autant qu’ici, l’affaire est éminemment d’intérêt public et débouche sur des enquêtes pénales, administratives et politiques pour éviter que ce genre de dérive ne se reproduise.

On ne comprend pas vraiment le signal donné par le Conseil d’État. Ainsi, une ancienne magistrate qui a fait travailler des fonctionnaires sur sa campagne privée se voit rembourser ses frais de justice par le contribuable. Ainsi des mandats peuvent être confiés à des proches d’une conseillère d'État pour près de 300’000 francs, payés par nos impôts.

Dans ce Royaume de la gratuité à géométrie variable, ce sont les journalistes qui ont l’outrecuidance de faire leur travail qui reçoivent la facture.»