Genève

Un projet de centre d'hébergement pour migrants menace les batraciens

23.04.2024 18h56 Delphine Palma

grenouilles

Crapauds communs, grenouilles vertes ou tritons palmés. Ces amphibiens pourraient être perturbés par la construction de plusieurs hébergements temporaires pour migrants.  Pro Natura et le WWF viennent de déposer un recours contre une autorisation de construire à Plan-les-Ouates. Le canton ne respecterait pas les recommandations fédérales sur la protection des amphibiens. 

Quelque part, dans ces hautes herbes, se cachent 6 espèces différentes d’amphibiens. Cet espace sauvage, au bord du cours d’eau « la bistoquette » sur la commune de Plan-les-Ouates, est classé « OBat », c’est-à-dire qu’il est reconnu d’importance nationale pour la reproduction des batraciens.

Espèces dérangées

En Suisse 15 des 19 espèces indigènes sont menacées. Le triton palmé, présent sur ce site est même classé « vulnérable». Modifier cet environnement pourrait donc avoir des impacts irréversibles, précise David Lecler, responsable espèces et milieux chez Pro Natura. « Ces constructions sont provisoires, certes, mais il y aura des déplacements de terre, des potagers en lisière de forêt. Du coup, cela va impacter ces populations d’amphibiens déjà faibles et fragiles. » Sans compter la fréquentation du site, qui va automatiquement augmenter. 

Pro Natura et le WWF ont donc déposé ce jour, un recours au tribunal administratif contre la construction d’un centre d’hébergement temporaire pour migrants. Il est prévu dans ce champ, aux abords de la zone fréquentée par les batraciens. Une autorisation de construire accélérée a été délivrée pour 6 bâtiments.

Le canton hors des clous fédéraux 

La zone est partiellement affectée en zone à bâtir alors que paradoxalement le classement « OBat » la rend intouchable. Une contradiction que dénoncent Pro Natura et le WWF. Fiore Suter de Pro Natura motive ce recours: « L’affectation est cantonale et la protection des amphibiens est fédérale. Il y a 3 zones dans le canton qui posent problème. Il faut que le canton pose des prescriptions claires. Soit il développe le territoire, soit il protège les amphibiens. » 

Plan-les-Ouates s'est aussi opposé

Ce recours vient s’ajouter à celui de la commune de Plan-les-Ouates déposé début avril. La municipalité estime que ses écoles sont déjà saturées et se dit dans l’incapacité d’accueillir un nouveau centre. Surtout qu'un autre foyer pour requérants d’asile est déjà en construction ailleurs sur la commune. 

Contacté, le Département du territoire renvoie la balle vers l’Hospice général. Celui-ci  indique ne pas avoir pris connaissance de ce dernier recours. À terme, ce centre provisoire doit accueillir 200 personnes.