Genève

1971-1980 dans les yeux de Martine Brunschwig Graf

01.02.2021 18h39 Rédaction

image

Martine Brunschwig Graf, fribourgeoise d’origine, première femme élue au Conseil d’Etat genevois, a 20 ans en 1970. Elle nous raconte ces années dans cette décennie cruciale pour les femmes

Martine Brunschwig Graf est née à Fribourg. À ce titre à vingt ans, elle n’a pas encore pu voter, le canton ne faisant pas partie des neuf premiers (dont Genève) à avoir donné ce droit au cours des années 60. En février 1971, les femmes obtiennent le droit de vote et d'éligibilité en Suisse. «Je n'avais pas l'âme militante à ce moment là. Je n'avais vécu qu'une année sans droit de vote. C'est plus tard que j'ai compris l'importance de ce qu'avaient fait les femmes qui s'étaient battues pour ce droit» explique Martine Brunschwig Graf.

La même année, dix femmes entrent au Conseil National. La représentation politique avance. Mais il reste du chemin dans la sphère privée. Martine Brunschwig Graf l’avoue, elle est dans une situation privilégiée, déjà dans son enfance: «Nous avons grandi dans l'esprit d'égalité entre nous, frères et soeurs, notamment sur les tâches domestiques». 

Ne pas dépendre d'un homme

Plus tard, elle prend conscience des différences entre les femmes mariées et non mariées: «Je suis arrivée à Genève en 1978. J'étais alors célibataire. J'ai donc pu signer mes contrats, ouvrir un compte en banque. Mais les femmes mariées comme ma mère ne pouvaient pas ! Je me suis donc toujours dit que je voulais être autonome, ne pas dépendre d'un homme». 

Martine Brunschwig Graf n’a pas d’enfants mais elle se marie. Pour elle comme pour son époux, une égalité dans le couple est importante: «Il voulait que je sois indépendante. Pour l'anecdote, il tenait à faire lui-même le repassage. J'étais fière de mon mari, il m'a toujours dit de faire ce dont j'étais capable». 

Pour la libérale, devenue conseillère d’Etat, conseillère nationale, aujourd’hui présidente de la Commission fédérale contre le racisme, l’urgence de cette décennie à venir est l’égalité des salaires: «Nous le demandons depuis 1986-87, il faut le faire maintenant».

Entre 1971 et 1980, deux grandes lois auront fait bougé la Suisse. De premiers pas, comme déclencheurs pour les décennies suivantes. 

Céline Argento