Genève

1991-2000, par la vigneronne Sophie Dugerdil

03.02.2021 17h39 Rédaction

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Suite de notre série sur les avancées pour les femmes au cours des cinq dernières décennies. La vigneronne Sophie Dugerdil nous raconte sa vingtaine dans les années 1991-2000.

Sophie Dugerdil est vigneronne à Dardagny, à la tête du domaine. Mais à vingt ans, elle est en études pour devenir professeur de sport: «C'était un milieu très masculin, il n'y avait qu'un tiers de filles dans la formation. Mais je voyais quand même la différence avec le milieu traditionnel paysan dans lequel j'avais grandi».

Un féminisme en construction

Au même moment, en 1991, les femmes de Suisse font entendre leur voix. Car dix ans après l’inscription de l’égalité dans la constitution, elle n’est pas là dans les faits. 500 000 femmes font grève. Agée de 21 ans, Sophie Dugerdil n’y participe pas: «J'ai un peu honte maintenant. Mais je crois qu'à vingt ans, on est encore un peu dans sa bulle. Mon féminisme s'est affirmé avec mes expériences». 

Elle devient donc professeur de sport, fait une formation en géographie, dans le vin, voyage beaucoup, et part en mission pour le CICR. Dans le même temps, le droit suisse évolue. Dès 1992, le viol conjugal peut être poursuivi sur plainte. La même année, le droit de la nationalité change. Les femmes peuvent désormais garder leur passeport suisse si elles épousent un étranger.

Cette décennie est aussi celle d’une polémique politique. En 1993, la socialiste Christiane Brunner est pressentie pour être conseillère fédérale. Mais la droite fait élire un homme socialiste, Francis Mathey. Face au tollé, il se retire. La genevoise Ruth Dreifuss est élue. 

Milieu masculin

Puis en 1996, la loi fédérale sur l’égalité entre en vigueur. La loi impose la non discrimination au travail. Le harcèlement sexuel devient explicitement illicite. Au niveau professionnel justement, Sophie Dugerdil change de voie. Elle reprend le domaine familial, non sans quelques remarques d'un milieu très masculin: «On me demandait parfois qui était le patron par exemple !»

Pour Sophie Dugerdil, un bon bout de chemin vers l’égalité a été fait. Il faut désormais concrétiser les choses: «Les lois existent, il faut les appliquer». 

Céline Argento