Genève

2001-2010, par la médecin Eva Niyibizi

04.02.2021 17h56 Rédaction

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Suite de notre série sur le chemin vers l'égalité depuis 1970. Zoom sur la décennie 2001-2010, avec la médecin Eva Niyibizi

À 20 ans, Eva Niyibizi a choisi la médecine. Sa mère, elle-même infirmière, l'a encouragée dans cette direction: «Ma maman n'a pas pu faire médecine car elle a grandi en Afrique et à cette époque, les femmes étaient peu médecin».

Sexisme ordinaire

Malgré la forte représentation de filles parmi les élèves de sa formation, elle ressent un certain sexime: «J'étais jeune, femme, afro-descendante, et j'avais l'impression que l'on ne me prenait pas au sérieux. Je voulais m'effacer physiquement pour pouvoir être entendue». Pourtant la profession se féminise.  Avec 13% de femmes médecin en 1970, 32% en 2000, 43% en 2010. 

Dans cette décennie, un premier bilan de la loi sur l’égalité est tiré. En 1995, elle affirmait une non-discrimination au travail. Mais dix ans plus tard, les hommes gagnent toujours en moyenne 20% de plus que les femmes. 

Mythe de la "wonder woman"

Trois lois permettent toutefois d’avancer. Tout d'abord, l'avortement est décriminalisé en 2002. L’IVG est possible jusqu’à douze semaines. En 2004, le congé maternité de quatorze semaines est introduit après des décennies de lutte et votations sans succès. Puis changement pour le mariage. Le partenariat entre personnes de même sexe est validé en 2005, mais déjà en 2001 à Genève. Il est aussi ouvert dans ce canton aux couples hétérosexuels. 

Eva Niyibizi estime être chanceuse de pouvoir construire un couple égalitaire: «Je me sens privilégiée, et heureuse de vivre dans ce siècle là, même s'il reste du travail sur certains points pour les femmes». Pour elle, il faut aussi arrêter avec le mythe de la wonder woman: «On ne peut pas tout faire. Et pour cela, il faut être accompagnées, et promouvoir plus de flexibilité dans la société, notamment de la part des employeurs». 

Céline Argento