Genève

Amazonie des sens

10.08.2016 10h21 Rédaction

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Une expérience multi-sensorielle déroulée dans une scénographie verdoyante : nous voici plongés au cœur de l’Amazonie et de ses populations autochtones. La nouvelle exposition du MEG « Amazonie. Le chamane et la pensée de la forêt » a le mérite de renseigner sur les croyances et pratiques de ces peuples, tout en contextualisant leur évolution dans l’histoire sombre de ces cinq derniers siècles. Une beau sujet, remarquable dans sa forme et son contenu, qui suscite la curiosité et donne à réfléchir également au delà des frontières amazoniennes. A visiter jusqu’au 8 janvier.

L’univers sacré de la forêt

Subtilement évoquée dans une scénographie réalisée par le bureau genevois MCBD Architectes, la forêt constitue le noyau de l’exposition. Elle représente la source des mythologies animistes sur lesquelles reposent les croyances et les modes de vie traditionnels des Indiens d’Amazonie.

 

Partageant des bases spirituelles et rituelles communes, ces populations renferment pourtant des singularités importantes. Une diversité abondamment illustrée dans l’exposition à travers la présentation d’objets tirés des cultures matérielles de près de trente groupes ethniques. Majestueux et éclatants, les ornements corporels tels que diadèmes, coiffes et masques en sont représentatifs et laissent deviner la pluralité de rites qu’ils illustrent.

Un écosystème menacé

Dès le XVIème siècle, la forêt est pourtant devenue le terrain d’un ethnocide violent amorcé lors de la Conquête européenne, et convoité depuis pour l’exploitation massive de ses ressources naturelles. Une réalité rapportée sous plusieurs angles. Des clichés historiques témoignent des phénomènes d’acculturation imposés aux Indiens ainsi que de la déforestation de leurs territoires. Amazonian shorts, des court métrages engagés réalisés par le cinéaste suisse Daniel Schweizer, donnent la parole aux représentants de peuples Indiens menacés. Enfin, un projet participatif digitalisé vise à répertorier sous forme de mapping les dégâts environnementaux crées par les extractions de matières premières.

Le chamane : un symbole de résistance

Si une majorité de sociétés amérindiennes d’Amazonie n’ont pas survécu aux suites de la colonisation, d’autres ont su se reconstruire grâce à leurs capacités d’adaptation et de résilience. Une victoire rendue possible par la pérennisation de leurs mythologies et de pratiques chamaniques anciennes, dont le peuple indigène Yshyr fournit un exemple récent.

L’importance des traditions chamaniques, soulignée dans l’exposition par les photographies de la photojournaliste Claudia Andujar, une installation sonore qui irrigue l’espace d’exposition ou encore les extraits du film documentaire Xapiri, démontrent une nouvelle fois que la survie de la pensée animiste et de ses peuples repose sur la préservation de leur habitat.

Amazonie d’aujourd’hui

Les chamanes, traditionnellement intermédiaires spirituels de l’écosystème animiste, luttent désormais aux côtés d’organisations indigènes sur la scène internationale pour faire valoir leurs revendications. Une démarche qui semble porter ses fruits. Mais face à cela, la menace d’une perte croissante de culture ancestrale dans un monde exposé à la globalisation apparaît comme une problématique supplémentaire. Accrochage à visiter et affaire à suivre.

Lucia von Gunten / Go Out

Amazonie. Le chamane et la pensée de la forêt
Musée d’ethnographie de Genève
Jusqu’au 8 janvier 2017
Boulevard Carl-Vogt 65-67
1205 Genève
022 418 45 50
www.ville-ge.ch/meg