Genève

Antoine Flahault: «C’est horrible ce que l'on a vécu»

19.02.2021 11h27 Rédaction

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Le directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève était invité ce jeudi soir sur le plateau de Léman Bleu, à l’occasion de la sortie de son livre, Covid, le bal masqué.

Une fois n’est pas coutume, les personnes sur le plateau de Léman Bleu sont masquées. C’était LA condition pour qu’Antoine Flahault nous accorde une interview autrement que par Skype ou Zoom. Masqué, mais sans-filtre. « C’est une maladie respiratoire. (…) Je n’ai pas eu le covid, je n’ai pas envie de l’avoir. » Sacrée entrée en matière, bien que hautement respectable. Dans son livre, l’épidémiologiste revient sur une année de virus : « C’est horrible ce que l’on a vécu. Beaucoup de gens ont souffert, pas seulement sur le point sanitaire. Sur le plan social, sur le plan humain, sur le plan économique. Donc, oui, c’est une crise très grave et que personne n’avait prévu de cette ampleur. » Avant de s’essayer à la philosophie : « Tout est très imprédictible. On n’a pas l’habitude de ne pas prévoir notre vie. Les gens prévoient de partir en vacances, en weekend. Tout cela a été mis sans dessus-dessous. Puis d’en indiquer clairement la cause : des mesures liberticides mais nécessaires.»  Vous l’aurez lu ici.

Didier Raoult, « un très bon scientifique »

Dans son livre, Antoine Flahault revient sur l’OMS et les confinements en fonction des pays. De là à se poser comme un arbitre ? « Non, je ne me permettrais pas. Ce qui est interessant pour un épidémiologiste, c’est d’observer les courbes. De voir que la mortalité en Finlande est 10 fois inférieur à celle de la Suisse, cela doit nous questionner. » Concernant le Prof. Raoult, qu’il qualifie de « très bon scientifique », « son obstination sur l’hydroxychloroquine a été un peu dommageable à l’ensemble de son discours qui n’a pas été entendu par ses collègues. » Il l’oppose toutefois au virologue allemand Christian Drosten : « La France ne l’a pas écouté quand il appelait à tester la population en masse. » 

Concernant les vaccins, Antoine Flahault trouve normal « que l’on se pose des questions. J’ai beaucoup de confrères qui ont dit j’attends de voir les données scientifiques avant d’avoir un avis autorisé. Mais beaucoup de gens ne lisent pas ces données et c’est normal qu’il y a des doutes. » Avant de faire l’éloge de la compagne de vaccination, de comparer Israel à « un laboratoire vivant. » Mais que penser du cas D’astra-Zeneka ? « Je l’aime bien ce vaccin. Il est très innovant. C’est un vaccin à virus-vecteur et non à ARN messager ou à virus-vivant. » Avant de rappeler que les effets secondaires légers de ce vaccin, qui fatigue, mais « très efficaces, probablement. Je dis probablement car les effets cliniques n’ont pas été faits sur des personnes de plus de 65 ans. »

Dans son livre, il s'attaque aussi à l'abus du message sur le lavage des mains. Une pique envers Didier Pittet ? « Je me suis lavé les mains plusieurs fois aujourd’hui. Je dis seulement juste que trop longtemps, on a négligé les aérosols. » Le livre d’Antoine Flahault se termine sur la phrase « quand-est-ce que l’on pourra danser à nouveau ? » D’ici à cet été à l'entendre. Le Bal masqué, oui. Mask Off, non.