Genève

Antonio Hodgers: «Je fais mon autocritique»

28.11.2019 16h17 Rédaction

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Antonio Hodgers était le grand invité de l’entretien ce jeudi sur Léman Bleu. Le chef du Département du territoire est d’abord revenu sur l’annonce du jour: le gel de la densification de la zone villas. «De plus en plus de constructions ne sont plus des villas, mais des petits immeubles couchés. Ces constructions ont une forte emprise au sol et un impact important sur la nature, pour au final peu de logement.»

Mais ne vaut-il pas mieux quatre appartements plutôt qu’une maison? «Il faut du logement, mais seulement s’il est de qualité, a répondu le Conseiller d’Etat. Or dans ce genre de situation, le niveau de qualité nécessaire est rarement atteint.»

Et le magistrat de préciser que cette mesure ne concerne pas les 11% de la zone villas que l’Etat veut déclasser pour urbaniser, dans des quartiers enclavés dans la ville ou proches d’axes de transports publics.

Pas un stop au développement

Antonio Hodgers est aussi revenu sur les résultats des votations de dimanche, notamment le refus par les genevois des projets au Pré-du-Stand et au Petit-Saconnex. «Ces résultats très serrés ne sont pas un désaveu cinglant du Conseil d’Etat, a assuré le Président du gouvernement. Mais d’une manière générale, les gens demandent plus de qualité. Ce scrutin n’est pas un stop au développement, mais plutôt un signal pour un développement maîtrisé.»

Mais le Conseiller d’Etat écologiste a prévenu aussi du risque de refuser systématique la construction de nouveaux logements. «Si rien ne bouge, la mobilité pendulaire va exploser et nous continuerons à faire une machine à créer des frontaliers!»

Discussion sur la croissance

Antonio Hodgers a annoncé vouloir lancer une grande discussion sur le développement et la croissance du canton. «Aujourd’hui, nous faisons de la promotion économique à l’autre bout du monde pour attirer des entreprises, mais nous ne sommes pas capables de suivre en matière d’infrastructures, de logements, de transports publics, etc.» Un espace de discussion sera lancé au premier trimestre de 2020, a précisé le magistrat.

«Il faudra toujours abattre des arbres»

Sur la question de la polémique autour de l’abattage d’arbres, Antonio Hodgers a assuré «qu’il n’y a pas d’évolution ces dernières années. Mais cette polémique m’aura permis de mieux stimuler mes services à défendre les arbres. Il faut mettre la nature au centre des nouveaux projets. Mais il faudra toujours abattre des arbres», a prévenu le magistrat.

Face à la critique sur certains nouveaux quartiers où la végétation est peu présente, le chef du Département du territoire s'est défendu. «A Pont-Rouge par exemple, nous avons abattu un arbre et planté quatre-vingt. Il faut laisser le temps à la nature. Mais il faut aussi accepter que Pont-Rouge est au centre-ville, avec une gare, un espace forcément plus minéral.» Et le magistrat de mettre en cause la place accordée aux voitures à Genève. «S’il y a des parkings souterrains, vous ne pouvez pas planter dessus de grands arbres. Malheureusement, beaucoup de projets ont une qualité rabaissée à cause de la place énorme prise par la voiture en ville. Il ne pourra pas y avoir de ville apaisée, de ville de qualité, si la voiture continue à dominer à ce point l’espace public.»

«Je fais mon autocritique»

Sous le feu des critiques depuis plusieurs semaines, tant pour sa politique que pour une série de phrases dans les médias, Antonio Hodgers vit-il sereinement cette période? «C’est normal que cela arrive en politique, les gens n’aiment pas les têtes qui dépassent. J’ai bien sûr des choses à me reprocher, certainement des mots inadéquats, mais dans le fond je tiens la ligne dans des circonstances politiques et institutionnelles inédites à Genève.»

Et le magistrat de lancer une pique aux médias. «Si vous discutez avec tous les conseillers d’Etat, ils vous diront à quel point les médias peuvent pervertir leur travail. Peut-être la différence, c’est que moi je le dis à haute voie. Je n’ai jamais mis tous les journalistes dans le même paquet. Mais les médias ne font pas leur autocritique, contrairement à moi.»

Valentin Emery