Genève

Débat: Pour une parité exemplaire au Parlement?

05.03.2021 20h05 Rédaction

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En politique, des élus se mobilisent pour la parité au Parlement. Un projet de loi propose d’élire les parlementaires via deux élections simultanées : 50 sièges réservés aux femmes et 50 sièges pour les hommes. Une idée qui divise, comme en témoigne le débat entre deux députés: Pierre Vanek (Ensemble à Gauche) et Pierre Conne (PLR).

 

Projet anti-démocratique

«En découvrant le projet pour la première fois, j’ai été séduit. À la fin des travaux, j’ai réalisé que ce projet posait des problèmes», raconte Pierre Conne. Pour le député PLR, ce projet de loi va à l’encontre des fondements mêmes de la démocratie puisqu’il implique que le genre prenne le pas sur la personnalité, les idées ou le parti du ou de la candidate. «C’est cette restriction de la liberté de l’électeur qui me fait dire qu’on tend vers une démocratie plus autoritaire.»

Les parlements suédois, que Pierre Conne a étudié pour étayer son argumentaire, atteignent 45% de femmes. «On voit qu’en Suède, la tentation d’instaurer des quotas a systématiquement été écartée. Car le risque est que le moins bien élu des hommes obtiennent plus de voix que la meilleure élue des femmes.» Pour le député PLR, la réelle problématique réside aujourd’hui dans l’accès des femmes au monde du travail.

 

Une histoire de vieux rétrogrades

Pierre Vanek, lui, n’y voit rien d’anti-démocratique. Selon le député Ensemble à Gauche, la pleine liberté de choix n’est pas affaiblie puisque dans chaque votation, tant chez les femmes que chez les hommes, tous les partis seront représentés. Il rappelle que le but est de venir à bout d’une «inégalité structurelle hautement problématique.» Et donne des chiffres pour illustrer son propos: «Ces 30 dernières années, les femmes n’ont jamais dépassé le tiers des représentantes au Parlement. En 2018, il n’y avait que 24% de femmes!»

Alors, vraiment aucune restriction de liberté? «Si, ça entrave les libertés des vieux rétrogrades qui veulent maintenir leur domination masculine au Parlement», s’offusque Pierre Vanek. Pour lui, le projet de loi est d’autant plus intéressant qu’il répond aux objections souvent avancées contre le système de quotas. «Notre projet de favorise pas artificiellement les hommes ou les femmes. Il instaure l’égalité.»

 

Léa Frischknecht