Genève

Fabienne Fischer en tête, talonnée par Pierre Maudet

07.03.2021 11h25 Rédaction

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Les premiers résultats anticipés du premier tour de l’élection complémentaire du Conseil d’Etat ne sont qu'une demi-surprise. Attendue en tête, la candidate verte Fabienne Fischer atteint 29.53% des voix, un chiffre en dessous des pronostics. Pour rappel, cette élection fait suite à la démission du conseiller d’état Pierre Maudet. Candidat à sa propre succession, l’ex-PLR crée la surprise et se place en 2ème position avec 22.84%. Largement derrière, Cyril Aellen signe la défaite du PLR en récoltant 15,71% des voix.

  • Fabienne Fischer (Verts – Socialiste) : 29.53%
  • Pierre Maudet (Liberté et justice sociale) : 22.84%
  • Cyril Aellen (PLR) : 15.71%
  • Yves Nidegger (UDC) : 13.41%
  • Michel Matter (Vert’libéraux) : 9.38%
  • Morten Gisselbaek (PDT – Jeunes POP) : 4.89%
  • Olivier Pahud (Évolution suisse) : 1.17%
  • Yann Testa (PBD Genève) : 0.59%

Alors que le doute plane encore sur la participation d'Yves Nidegger et Michel Matter au second tour, Cyril Aellen, Morten Gisselbaek et Yann Testa ont d'ores et déjà annoncé qu'ils se retiraient. Malgré son score de 1.17%, Olivier Pahud se présentera le 28 mars prochain.

Participation historique

Avec un taux de participation avoisinant les 50% (45.68% dimanche après-midi), l'élection complémentaire ainsi que les objets de votation ont largement mobilisés. Un tel taux n'avait pas été atteint depuis 1945. 

 

Avec 29.53% des voix, Fabienne Fischer obtient un score moins élevé que les projections de la campagne. «Je suis extrêmement satisfaite de ce résultat», sourit-elle en rappelant qu’avec huit candidats, il était attendu que les voix soient plus étendues. Pas de déception, donc, pour la candidate de gauche. Elle évoque également la situation sanitaire qui a donné lieu à une campagne inédite. 

«Pour toutes celles et ceux pour qui les valeurs d’honnêteté, d’intégrité, de droiture et de sincérité, j’appelle à voter pour moi», scande la candidate verte qui devra plus que jamais réunir pour gagner le second tour. 

«On aurait pu espérer que le score de Mme Fischer soit plus important puisqu’elle était, avec M. Gisselbaek, la seule représentante de l’alternative», analyse la députée Jocelyne Haller. Pour rappel, son parti, Ensemble à Gauche, avait décidé de ne pas soutenir la candidate verte. Pour la députée, avec une droite majoritaire au parlement, la marge de manœuvre de l’exécutif est restreinte. «Nous n’avons pas proposé de candidat, considérant que celui-ci aurait eu de la peine à sortir de la position d’otage de la droite du Grand Conseil.» C’est lors d’une prochaine assemblée générale qu’Ensemble à Gauche décider quel candidat sera soutenu. «Mais notre mot d’ordre est clairement de barrer la route aux politiques de droite et d’extrême droite», conclut-elle.

Celui qui brigue la deuxième place de ce premier tour, à la surprise générale, c’est Pierre Maudet. Candidat sortant, condamné à du sursis pour acceptation d’un avantage il y a moins d’un mois, Pierre Maudet a réussi à réunir plus de 28'000 voix. À titre de rappel, il en avait obtenu 50'000 lors du premier tour de l’élection en 2018. Le conseiller d’état démissionnaire se dit toutefois très satisfait de ce résultat. Souhaitant être totalement détaché de son ancienne étiquette de PLR, Pierre Maudet se targue d’avoir fait une campagne au contact de la population et d’avoir rassemblé des électeurs qui ne votent généralement pas. «J’ai été décrit comme seul et indépendant. Je suis aujourd’hui peut-être un peu moins seul mais toujours indépendant.»

«Quand l’entente fait à peine 16% c’est un échec. Je suis un homme de parole et je ne serai pas candidat au second tour», annonce Cyril Aellen qui avait promis de se retirer s'il n'arrivait pas dans le duo de tête au premier tour.

«C’est un échec clair pour le PLR mais pas pour le candidat de valeur», admet, Bertrand Reich, déçu. Un échec pour son parti donc, mais également un échec de voir un candidat condamné par la justice il y a moins d’un mois, faire un tel résultat. «On pouvait imaginer tous les cas de figure mais je dois le dire, c’est exactement l’opposé de ce que je souhaite en politique», se désole Bertrand Reich. 

Le PLR devra, dans les prochains jours, se poser les bonnes questions quant à l’avenir du parti. «On peut se demander si nous ne sommes pas un parti d’opposition», s’interroge Bertrand Reich. Des questions pour le deuxième tour également, puisque Cyril Aellen avait annoncé qu’il retirerait sa candidature au deuxième tour s’il ne se trouvait pas dans le duo de tête. Bertrand Reich, lui, exclut de soutenir Pierre Maudet. «Il n’est pas envisageable de soutenir quelqu’un après l’avoir exclu parce qu’il ne respectait pas les valeurs fondamentales. Mais la décision appartiendra aux organes du PLR.» 

«Objectivement, c’est un bon score pour mon parti. Nous sommes très proches Monsieur Aellen et moi», commente Yves Nidegger qui en profite pour appeler à une recomposition de la droite. «J’appelle la droite à quitter les sectarismes qui l’ont minées pendant longtemps.» Deux options se présentent donc pour le candidat UDC: soit la droite présente un candidat uni au second tour, soit la droite perdra son siège au Conseil d’État. «L’addition des voix de droite pulvérise la gauche, la division à droite pulvérise la droite.»

«Exceptionnel»: c’est ainsi que Céline Amaudruz qualifie le score du candidat UDC Yves Nidegger. La présidente du parti se dit fière de son candidat et salue son courage. Avant de lancer une pique à Bertrand Reich: «Si le PLR avait voulu faire quelque chose avec l’UDC, ce que nous demandons depuis longtemps, nous ne serions peut-être pas dans cette situation aujourd’hui.»

Le parti décidera dans les jours à venir si il souhaite maintenir son candidat au second tour. «Vu le score de Monsieur Nidegger, et si Cyril Aellen ne se présente pas, alors la question va se poser.»

Michel Matter est arrivé tout sourire sur le plateau. Avec presque 10% des voix, le candidat bat des records pour son parti. «Un immense sourire parce que c’est vraiment une grande victoire pour les Vert’libéraux.» Ce score historique, Michel Matter le voit comme le résultat d’une confiance toujours croissante de la population envers les Vert’libéraux. Quant à son éventuel maintient au second tour, la décision sera prise demain lors d’une assemblée du parti.

Morten Gisselbaek regrette la campagne de Fabienne Fischer

Satisfait de sa campagne et de son résultat personnel, Morten Gisselbaek regrette le faible taux atteint par la gauche dans sa globalité. Il regrette que Fabienne Fischer n’ait pas fait une campagne assez marquée à gauche. «On a l’impression qu’il s’agissait seulement de repeindre une couche de vert sur le système actuel.» Avec 5% des voix, de candidat annonce se retirer. Son soutien ira vers la candidate verte si son parti le décide mais il énonce déjà que certaines conditions seront posées. 

Olivier Pahud ne disparait pas

Candidat quasi-inconnu, encore vaudois il y a peu, Olivier Pahud se montre également satisfait de ses 1.17%. «C’est une force citoyenne qui se met en place et on voit une volonté de voir autre chose et de construire autrement», sourit l’homme, son fameux cube rouge en main. Convaincu que rien n’est impossible, l’ancien magicien annonce maintenir sa candidature au second tour. 

Yann Testa sourit de son score

Bon joueur et bon dernier, le candidat PBD qui présentait le plus petit budget de campagne reste positif. «On savait que mon score ne serait pas mirobolant, le but était d’être exposé médiatiquement et exposer mes idées.» Légèrement piquant, Yann Testa estime que les Genevois «votent toujours pour les mêmes, même quand ils sont en échec». Avec 731 voix, le candidat souhaite laisser la place aux autres. «En sachant qu’il faudra voter pour le moins pire», annonce-t-il tout en souhaitant garder le silence sur la candidat qui obtiendra sa voix au second tour.