Genève

Faut-il s'inquiéter des munitions au fond du lac ?

22.11.2019 18h30 Rédaction

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Il est de notoriété quasi publique que le fond du petit lac est parsemé de munitions et obus. Mais pour la première fois, des images filmées par les plongeurs de l'association Odysseus 3.1 les montrent. 

150 à 1'000 tonnes d'armes dans le lac 

Pour comprendre leur présence, il faut revenir en arrière. Après la deuxième guerre mondiale, des munitions inutilisées sont déversées dans les lacs de Suisse. À Genève, entre 150 et 1'000 tonnes d’armes auraient été larguée, non par l’armée mais une entreprise privée. Ces estimations ont été faites par une chercheuse, Elodie Charrière, se fondant sur des témoignages vivants. 

«Dangers minimes»

En 2017, la question de la traversée du lac se pose, et avec elle réémerge celle des munitions. La députée Salima Moyard écrit alors au Conseil d'Etat, le questionnant sur la sécurité et l'enjeu environnemental de ces armes immergées. Le gouvernement répond que toutes les analyses ont été faites, et qu'une couche de sédiments s'est déposée sur les armes. Il ajoute qu'il n'y a aucune atteinte à l'environnement. Le Département Fédéral de la Défense, contacté par mail ce jour, réaffirme les justifications de l'Etat genevois : « Les analyses réalisées entre 2005 et 2012 ont montré qu’il était plus judicieux de laisser les munitions immergées. Les dangers étant actuellement minimes et vu les difficultés liées au repêchage, il a été décidé de renoncer à de tels travaux.»

Quant au potentiel danger d'explosion des armes : « Le Département ne peut pas être responsable de toutes les armes en Suisse. C’est pourquoi nous ne pouvons pas commenter ces images ni nous exprimer sur une éventuelle dangerosité de ces obus ». 

Eau polluée ?

Pourtant, pour la chercheuse Stéphanie Girardclos, «la sédimentation à cet endroit est très faible. Les armes risquent donc de se corroder et libérer des substances potentiellement dangereuses.» Elle insiste sur le fait que le lac pourrait s'en trouver pollué, privant les Genevois d'eau potable. Contactés, les SIG disent être prêts à faire face à une éventuelle pollution massive, en utilisant les nappes phréatiques.

Les services de communication du conseiller d'Etat Antonio Hodgers estiment ce jour que «rien n'a changé dans ce dossier. Les munitions sont là depuis des décennies sans que cela n'altère la qualité de l'eau». La députée Salima Moyard a de nouveau posé une question écrite adressée au conseil d'Etat. Ce dernier devrait répondre dans les prochaines semaines.

 

Céline Argento