Genève

Un courrier dénonce de graves dysfonctionnements Au Coeur des Grottes

12.09.2018 17h13 Rédaction

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Violation de la sphère privée, infantilisation des pensionnaires, menaces, insultes, violences psychologiques, renvois injustifiés, ...

Dans une lettre rédigée sur deux pages que Léman Bleu s’est procurée, les associations partenaires du foyer Au Coeur des Grottes sortent de leur « silence » pour dénoncer des dysfonctionnements qui « perdurent depuis plusieurs années. »

Six associations ont signé ce document. Il s’agit de F-Information, Camarada, la Roseraie, Aspasie, SOS femme et le centre social protestant.

Dans ce courrier, elles dénoncent des insultes racistes de la part de la direction:

« Tu es en Suisse maintenant et tu dois te comporter comme tel pour être une bonne Suisse », « tu crois que tu es en Afrique, tu te comportes comme une sauvage », « on dirait une pu** avec cette jupe. »

Des violences psychologiques sont aussi citées:

« Les pensionnaires sont injustement soupçonnées d’exercer la prostitution ou traitées devant les autres pensionnaires de prostituées du simple fait qu’elles rentrent tard le soir ou portent des jupes courtes. »

La gestion du foyer est également pointée du doigt.

« L’accès aux produits d’hygiène est limité, tel que les langes pour bébés. De nombreux produits périmés sont servis aux résidentes »,

énoncent les associations partenaires du Cœur des Grottes. Mais ce n’est pas tout :

« Bien que le foyer soit officiellement laïc, des croix chrétiennes décorent les murs et des prières religieuses sous forme de chants sont faites lors des repas de midi. Il est en outre demandé aux femmes qui portent un voile de le retirer. »

On parle aussi d’une privation de l’intimité des résidentes.

« Les portes des chambres des pensionnaires ne peuvent se fermer à clé. Les employés entrent sans frapper à la porte. C’est particulièrement problématique s’agissant de femmes victimes de violences. » 

«  Des courriers des pensionnaires sont ouverts et des cartes de visite reçues par des pensionnaires sont retenues. »   

Cette lettre évoque des menaces proférées à l’encontre des femmes battues hébergées au Cœur des Grottes.

Certaines femmes sont « menacées de dénonciation au Service de protection des mineurs en lien avec la garde de(s) enfant(s) des pensionnaires. » 

Le courrier mentionne également des renvois inacceptables.

« Des femmes avec ou sans enfants, en situation de détresse, ont été mises à la porte du foyer avec effet immédiat sans que la direction n’offre une solution de relogement. »

Contactées, les associations signataires de ce document se sont refusées à tout commentaire.

Selon nos informations, l’ancien conseiller d’Etat Laurent Moutinot a été mandaté en tant que médiateur. 

Denis Palma