Genève

« J’étais obligée de cacher ma féminité pour survivre dans la rue»

21.09.2021 18h35 Delphine Palma

expo

Un tiers des personnes sans abris à Genève sont des femmes. Une réalité encore aggravée par la crise sanitaire. L’association La Virgule a ouvert en août un appartement pour 7 à 8 femmes sans domicile. Nous avons rencontré l’une de ces femmes qui tente de remonter la pente. 

Cacher sa feminité pour survivre

Celle que nous appellerons Anaïs a connu pendant plusieurs mois l’expérience de la rue.  Une vie « normale », un travail, un appartement et puis une lente descente vers la précarité extrême jusqu’à dormir dans la rue. « J’étais obligée de cacher ma féminité pour survivre dans la rue explique. Vous vous isolez complètement parce que vous avez peur de la réalité. Des agressions sexuelles, de la violence, de la drogue. Tout ce que je connaissais pas vraiment. »

Depuis début août, Anaïs partage cet appartement communautaire avec 4 autres femmes qui ont connues la rue. L’appartement est situé dans un immeuble locatif de la ville de Lancy.
Rénové par la commune pour 200’000 chf ce printemps, il est mis à disposition de l’association la Virgule qui héberge depuis bientôt 30 ans des personnes sans abris. 

Un lieu dédié aux femmes 
En août, l’association a ouvert ce premier appartement réservé strictement aux femmes avec statut légal. Objectif : garantir un espace de sécurité pour celles qui sortent de mois d'errance. « Quand on mélange des hommes et des femmes, souvent une certaine insécurité peut s’installer explique Anne-Lise Thomas directrice de La Virgule. Ça ne se fait jamais dans un climat vraiment serein. Là, on met ses femmes à l’abris de certains regards ou de certaines propos. » 


Dans ce lieu, Anaïs va pouvoir se poser et se reconstruire. Pendant 2 ans, elle bénéficie d’un accompagnement social pour reprendre pied et retrouver finalement un logement.
La virgule dispose également de 18 places pour homme en foyer et d'un appartement du même genre que celui-ci. En moyenne, 8 personnes sur 10 qui passent par cette structure retrouvent ensuite un logement stable.

«Elles sont dans une situation de grande vulnérabilité avec des besoins spécifiques»

Christina Kitsos, conseillère administrative en charge du département de la cohésion sociale et solidarité, parle des différents cas de figure qu'engendre la précarité. Au sujet des femmes, des particularités ressortent: «Elles sont dans une situation de grande vulnérabilité avec des besoins spécifiques»

La conseillère administrative évoque la difficulté à trouver des endroits mais souligne les avancées avec notamment un accueil à l'année pour les sans-abris ce qui n'était pas le cas deux ans en arrière.