Genève

L’enquête parlementaire disculpe Christian Cudré-Mauroux

03.09.2016 18h09 Rédaction

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Christian Cudré-Mauroux a-t-il sous évalué les risques avant la manifestation sauvage du 19 décembre 2015? Dans un rapport, les trois députés de la sous-commission de contrôle de gestion lui accordent le bénéfice du doute: «Le chef des opérations n’a eu connaissance des notes des services de renseignements des 15 et 17 décembre que de manière orale, estiment les députés. Rien ne peut confirmer qu’il ait pu les lire avant le 19 décembre».

Les députés vont jusqu’à douter de l’exhaustivité de la transmission par oral des notes de renseignements au numéro deux de la police«Il n’y a pas de certitude quant à la teneur de ce qui a été transmis oralement», précise le document d’une cinquantaine de pages. 

Dispositif insuffisant

L’une de ces notes, rédigée deux jours avant la manifestation, mentionne une estimation provisoire de 300 à 400 participants, la constitution d’un black bloc de 30 personnes et la cible du Grand Théâtre. Or ces informations n’ont pas été prises en compte lors de la mise en place du dispositif d’intervention.

Mais ce dispositif policier largement insuffisant le soir des faits – 31 policiers engagés – ne serait pas imputable à Christian Cudré-Mauroux, estiment les députés. «Suivant l’appréciation de la situation autour du 17-18 décembre, suivant les événements en lien avec le terrorisme les semaines précédentes, étant donné la perspective de protection pendant les fêtes et la protection des organisations internationales toujours actives, il n’y avait pas de raison de mettre plus d’effectifs», conclut le rapport.

Comment expliquer que les notes des services des renseignements ne soient pas parvenues dans les mains de Christian Cudré-Mauroux ? Les conclusions du rapport parlementaire pointent avant tout la faillite de la transmission du renseignement. Elles recommandent une «meilleure transversalité» du partage des informations. 

Enquête administrative

Après la manifestation, une enquête administrative avait conclu à la responsabilité du chef des opérations. Le 22 juin dernier, le Conseil d’Etat annonçait la destitution de Christian Cudré-Mauroux. Le gouvernement a surtout reproché au haut fonctionnaire «d’avoir caché à sa hiérarchie» les informations en sa possession, ce qui avait conduit à une «rupture de confiance». 

Dans leur rapport, les députés contestent cette hypothèse: «C’est un fait pour la commission qu’il n’a pu donner physiquement ces notes lors de l’analyse des évènements, car rien ne montre qu’il les ait eues sous forme papier. Le chef des opérations affirme d’ailleurs ne les avoir reçues qu’en janvier 2016», soulignent-ils. 

Le haut fonctionnaire a toujours contesté l’ensemble des accusations. Il a fait recours contre sa rétrogradation devant la justice. 

Heures supplémentaires

Autre point soulevé dans le rapport: la rigoureuse gestion des heures supplémentaires de la police imposée par le département de la sécurité. Elle est attaquée par les commissaires qui réclament à la Cheffe de la police et au département un «message clair» sur cette question «pour qu’aucun doute ne subsiste quant aux moyens à engager.»

Pour rappel, le 19 décembre, 65 commerces et 21 immeubles, dont le Grand théâtre, ont été touchés par des souillures, tags ou des bris de vitres. La police n’avait procédé à aucune interpellation cette nuit-là.

Denis Palma / Valentin Emery