La Suisse a-t-elle bien géré la crise sanitaire ? Notre débat

Invités du Journal, l’anthropologue de la santé Jean-Dominique Michel et l’infectiologue Didier Pittet débattent autour des mesures helvétiques prises face au Covid-19. De la gestion de la crise à une éventuelle deuxième vague en passant par le virus lui-même, tout est analysé.

Interrogé d’abord sur la similarité entre le coronavirus et la grippe, l’anthropologue constate : «nous venons de franchir la barre des 300 000 morts à l’échelle mondiale quand Influenza fait parfois 1 million de morts par année». Le Pr Pittet, lui, estime que les chiffres peuvent être articulés de plusieurs façons. Il précise également que, contrairement à l’accoutumée, tout le monde a été infecté au même moment ce qui a provoqué la surcharge massive des systèmes de santé : «de toute ma carrière, je n’ai jamais vu 80 patients en réanimation victimes de la même maladie».

Le constat d’une étude menée par l’Université de Bâle et l’EPFZ estime que le confinement aurait eu un impact sur la contention du Covid-19, jusqu’à une diminution de 48 % de nouveaux cas pour la mesure de la fermeture des bars, des restaurants et des magasins hors alimentation. Jean-Dominique Michel reste sceptique quant à la réelle efficacité du confinement : «à ce stade, être certain de l’utilité du confinement, c’est extrêmement présomptueux. Au contraire, il y a danger à confiner des gens ensemble quand on ne sait pas qui est contagieux ou pas». Didier Pittet réagit pragmatiquement et rappelle qu’il est «toujours plus facile de prédire le passé que le futur». Pour lui, aucun doute, le confinement a bel et bien été efficace.

À l’heure où les autorités sanitaires suisses annoncent que nous sommes à la fin de la première vague de coronavirus, le retour de flammes est sur toutes les lèvres. En plateau, les deux invités s’accordent à écarter le scénario d’une deuxième vague épouvantable et gardent la «prudence» comme maître-mot pour les mois à venir.

Rafael Pacheco