Genève

La Ville pouvait-elle puiser dans le fonds Zell pour l’aide sociale?

26.02.2021 20h44 Rédaction

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La nouvelle a fait grand bruit: la municipalité de Genève a puisé près d’un million de francs dans le fonds Zell. Issu d’un lègue, le fonds était initialement destiné aux personnes âgées. Or cet argent a été utilisé pour financer l’urgence sociale. Une décision que le canton, qui fait office d’autorité de surveillance des communes, souhaite invalider. D’après le département de la cohésion sociale, ce prélèvement viole les conditions du lègue. Deux conseillers municipaux en débattent: Vincent Schaller, conseiller municipal UDC et Omar Azzabi, conseiller municipal Verts.

Problèmes de clientélisme

Pour Vincent Schaller, ce «tour de passe-passe comptable», comme il l’a qualifié dans la Tribune de Genève, ne passe pas. C’est lui qui, en commission des finances, a mis le doigt sur cette «opération discutable». Pour lui, le fonds Zell était directement dédié aux personnes âgées et ce prélèvement du Conseil administratif est «contraire aux disposition testamentaires» ainsi qu’à un règlement adopté en 2017 pour les prélèvements dans ledit fonds. Vincent Schaller considère même que «la faute est signée» car le Conseil administratif a décidé de procéder en deux temps pour son prélèvement. «S’il était persuadé qu’il n’y avait pas d’exclusivité pour les personnes âgées et que l’argent pouvait aller directement à l’aide sociale, le Conseil administratif n’aurait pas procédé ainsi.»

Pour le conseiller municipal UDC, cette affaire est significatrice des problèmes de clientélisme dont souffre la Ville de Genève depuis de nombreuses années. «Le scandale dans cette affaire, c’est que le budget de la Ville s’étend à plus d’un milliard, le département de Madame Kitsos à 300 millions et, malgré cela, le Conseil administratif n’a rien trouvé de mieux que d’aller piquer de l’argent dans le fonds Zell.»

 

«Les personnes âgées sont perdantes»

Son homologue des Verts, Omar Azzabi, ne partage pas cette opinion. «Ce prélèvement ne viole pas les conditions du lègue qui dit que la Ville de Genève est la seule destinatrice de ce fond, que son service social en est la principale destination et que les fonds doivent être alloués à des personnes âgées en général.» Or, selon Omar Azzabi, les 960'000 francs sont aujourd'hui alloués à deux prestations: la Nouvelle Roseraie, maison de repos pour personnes à l’AVS ou à l’AI et la blanchisserie-trajet qui livre le linge aux personnes âgées. Il ajoute également que, contrairement à ce que dit un arrêté du Conseil d’État, les prestations pour les personnes âgées ont augmenté de 300'000 francs entre 2020 et 2021. «Il y a beaucoup de choses dans cette affaire qui ne bénéficient à personnes et ce sont les personnes âgées qui sont les perdantes», affirme-t’il.

 

 

Léa Frischknecht