Genève

La chloroquine sérieusement remise en cause

24.05.2020 18h58 Rédaction

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Une vaste étude menée par une revue scientifique britannique remet en cause l'utilisation de la chloroquine dans la lutte contre le coronavirus. Le médicament provoquerait des arythmies cardiaques et augmenterait le taux de mortalité des patients atteints du Covid. Un coup dur pour les défenseurs du médicament.

Est-ce la fin pour la chloroquine dans la lutte contre le coronavirus ? Le médicament, défendu bec et ongles par le médecin marseillais Didier Raoult a probablement reçu un coup fatal cette semaine. La très sérieuse revue médicale britannique The Lancet a publié une étude menée sur 96'000 patients infectés par le Covid dans près de 700 hôpitaux autour du monde.

Résultat : la prise de chloroquine, ou de son dérivé l’hydroxychloroquine, serait inefficace, et même néfaste. Par exemple, le risque d’arythmie cardiaque serait cinq fois plus élevé chez les patients traités avec ces molécules.

Pire, le taux de mortalité chez les malades soignés à base de chloroquine est presque une fois et demi plus élevé que chez les patients présentant des co-morbidité. «Notre étude montre un signal très fort contre l'utilisation de chloroquine ou d'hydroxychloroquine en hôpital», explique Sapan S. Desai, co-auteur de l'étude.

Ces résultats ont déjà des conséquences. Les Hôpitaux Universitaires de Genève qui utilisaient ce médicament depuis les premiers jours de la crise ont modifié leurs recommandations. Il est désormais demandé de limiter l’utilisation d’hydroxychloroquine aux essais cliniques en cours. Mais les HUG ne ferment pas totalement la porte au médicament: «L’utilisation exceptionnelle de traitements candidats peut être discutée au cas par cas sur avis spécialisé multidisciplinaire.»

La large étude publiée cette semaine n’a donc pas totalement sonné le glas des prescriptions de chloroquine.

Vincent Ulrich