Genève

La police et Pierre Maudet tancés par le rapport sur la manif sauvage

04.09.2016 13h46 Rédaction

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L’enquête parlementaire sur la manifestation sauvage, révélée hier par Léman Bleu, pointe d’importants dysfonctionnements au sein de la police genevoise et du département de la sécurité et de l’économie (DSE), dirigé par Pierre Maudet. Les recommandations du rapport énoncent des lacunes organisationnelles qui ont mené la police à être dépassée par les événements, la nuit du 19 au 20 décembre 2015.

Manque de transversalité et officiers mal formés

Le rapport critique tout d’abord l’organisation de la police en matière de partage d’informations. Le fait que Christian Cudré-Mauroux n’ait reçu des informations que de manière orale est un problème, le fait que les chiffres concernant le nombre de manifestants supposés connaissent «une amplitude qui ne permet pas une juste adéquation des moyens» en est un autre. Pour la sous-commission d’enquête, ces deux points relèvent d’une «distorsion manifeste dans l’analyse entre gens du terrain et la hiérarchie». Elle recommande ainsi une meilleure «transversalité» plutôt qu’un travail «en silos».

Par ailleurs, il apparaît que la compétence des officiers de police de service, qui sont les répondants sur le terrain auprès du chef d’engagement et du chef des opérations, varie de manière importante. En effet, leurs parcours au sein de la police ne sont pas tous similaires et il apparaît que certains «soient moins sensibilisés au maintien de l’ordre». La sous-commission recommande que ces officiers soient «issus de la même formation, formés au maintien de l’ordre», et que leur expérience «soit enracinée dans la pratique». Ce n’était manifestement pas le cas pour des officiers de faction ce soir-là, ce qui expliquerait l'imbroglio en terme d’engagement sur le terrain.

Centrale d’appel surchargée

Enfin, il apparaît que la centrale d’appel de la police était cette nuit-là surchargée alors que le dispositif matériel et humain était insuffisant. Au total, les opérateurs ont répondu à 505 appels entre 19h00 et 6h00. Le rapport indique que «ce soir-là, de 1h30 à 6h00, il y avait 3 collaborateurs.»

Le département de Pierre Maudet tancé  

L’enquête parlementaire pointe le manque de clarté autour de la question des heures supplémentaires à la police. Au mois de novembre 2015, la RTS révélait qu’une partie d’entre elles allaient être supprimées par le département pour répondre aux mesures budgétaires du gouvernement. Une directive qui a semé le trouble au sein de la police et qui nécessite, selon le rapport, un «message clair sur la question des heures supplémentaires» de la part du département et de la cheffe de la police.

Par conséquent, la destitution du chef des opération Christian Cudré-Mauroux par le gouvernement aurait créé «un climat de tension et de malaise» chez de nombreux collaborateurs du DSE et attisé la crainte que «le département ne s'immisce dans l’opérationnel». Cette destitution, motivée par les conclusions d’une enquête administrative dirigée contre Christian Cudré-Mauroux, fait l’objet d’un recours par l’ancien chef des opérations. La sous-commission chargée de rendre ce rapport d’enquête parlementaire ne souhaite pas se prononcer sur le fond de cette mesure, mais «recommande au département de prendre toutes les mesures destinées à rétablir la confiance interne et dans le corps de police».

Contacté, le département de la sécurité et de l’économie n'ayant pas pris connaissance du rapport ne souhaite pas faire de commentaire. Par la voix de sa porte-parole Caroline Widmer, il s'étonne toutefois que «le cas personnel d'un haut fonctionnaire figure dans cette enquête parlementaire alors que ceci relève d'une enquête administrative qui fait l'objet d'un recours.»

 

Jérémy Seydoux