Genève

Les vacances des Suisses...en Suisse

24.05.2020 17h50 Rédaction

vacances

Cette année, il a fallu tirer un trait sur l’Espagne pour la famille Lopez pour choisir la Suisse comme destination. Comme eux, de nombreux habitants resteront dans le pays cet été. Habituellement, 43,6% des nuitées en Suisse sont réservées par des autochtones. Un pourcentage qui devrait grimper cette année. Presque une chance dans ces bouleversements. «C'est l'occasion pour les Suisses qui vont habituellement à l'étranger de découvrir leur pays» explique Véronique Kanel, porte-parole de Suisse Tourisme.  

Début mai, les chambres fédérales ont décidé d’une aide de 40 millions pour le tourisme, afin de financer des campagnes de promotion pour 2020-2022. Mais jusque là, difficile de proposer des offres et des campagnes de publicité ciblées du fait du semi-confinement. «Nous ne pouvions que faire rêver, et donner des idées. Dès début juin, nous allons entrer dans une deuxième phase, avec des offres et un marketing plus ciblés». 

Selon une étude Crédit Suisse parue vendredi, les destinations privilégiées seront les Grisons, le Valais, la Suisse orientale et le Tessin. Les zones urbaines comme Genève, Bâle ou Berne risquent d’être délaissées par la population. L’agence de voyage Ebookers a elle sondé 1’000 Suisses. Un tiers d’entre eux sont prêts à partir plus souvent en vacances dans le pays après le Covid. 

Pour Philippe Rubod, CEO de l’entreprise Swiss hospitality Global, il ne sera pas simple pour la Suisse d’accueillir des touristes cette année car «la concurrence sera plus aiguë et plus acharnée que jamais auparavant». En effet, elle devra affronter des pays pour qui le tourisme représente un enjeu économique de survie. Pour la Grèce par exemple, le tourisme représente 30% du PIB alors qu’il ne représente que 3% de celui de la Suisse. 

Si la Suisse est souvent accusée de pratiquer des prix trop élevés, la solution ne réside pas dans la baisse des prix, selon Philippe Rubod. «Il faut créer plus de valeur pour la clientèle c’est-à-dire offrir plus de prestation supplémentaires dans le prix de l’hébergement.» Certains groupes hôteliers s’inspirent déjà de cette stratégie en offrant la première nuit réservée dans leurs établissements. 

Un enseignement à tirer de cette crise pour le secteur touristique suisse? «Toute menace est une opportunité». Pour le consultant, c’est maintenant ou jamais l’occasion de ré-imaginer l’offre touristique et de se mettre à la page sur le marketing digital, trop longtemps délaissé par les entreprises helvètes, avec, pour conséquence, une croissance des nuitées hôtelières nulle depuis les années 70.

 

Léa Frischknecht