Genève

Trois femmes, trois luttes pour l’égalité

14.06.2020 19h35 Rédaction

Noemi Blazquez, Camille La Spada-Odier et Maria Rede

Un an après la grande grève féministe du 14 juin 2019, les femmes ont à nouveau été invitées à manifester pour leurs droits. Sur le plateau du journal, Noemì Blazquez, Camille La Spada-Odier et Maria Rede, trois femmes qui œuvrent, à leur échelle, pour plus d’égalité. 

Après la manifestation anti-raciste de mardi 9 juin, pancartes et slogans étaient à nouveau dans les rues de Genève. Deux luttes qui se croisent selon Noemì Blazquez, membre du collectif genevois pour la Grève féministe. «Le féminisme veut garantir la justice et les droits de toutes les personnes.» Pas de cortège en 2020, mesures contre le COVID obligent, mais pour Noemì Blazquez, la manifestation n’en a pas été moins forte. Si les chiffres sur le nombre de personnes présentes lors du rassemblement tomberont bientôt, l’ampleur de la grève reste difficile à chiffrer: «Je ne peux pas compter le nombre de personnes qui ont dit non dans leur maison. S’il y a des filles qui sont restées chez elles pour lire des livres féministes à cause du covid, on ne peut le chiffrer.»

Entre les deux éditions de la grève, il y a eu les élections fédérales et un nouveau parlement composé de 42% de femmes. Une victoire pour la militante qui rappelle toutefois que la présence des femmes dans la sphère politique doit être accompagnée de mesures féministes fortes pour impacter le quotidien des «petites mains», ces femmes qui exercent des professions encore peu valorisées et vivant dans des situations précaires. 

Ces « petites mains », Maria Rede en fait partie. Vendeuse dans la grande distribution, elle n’a jamais arrêté de travailler pendant le confinement. Si elle confie avoir été touchée par les applaudissements de la population, tous les soirs à 21h, elle rappelle que ceux-ci n’ont pas permis de payer ses factures. Pour elle, la crise du coronavirus a permis de mettre en lumière l’importance de métiers trop souvent dévalorisés et majoritairement féminins. 

Pour un salaire moyen de 4000.- par mois, les vendeurs et vendeuses ont continué à aller travailler, souvent dans la peur, comme l’explique Maria Rede. «Tous les jours des clients nous disaient merci. Mais on a besoin d’un autre remerciement et c’est pour cela qu’avec UNIA, nous demandons une prime de risque de 2000.-» Plus globalement, la vendeuse espère une revalorisation salariale de son métier qui s’est avéré essentiel pendant la crise.  

Camille La Spada-Odier n’était pas dans les rues aujourd’hui mais au Tribunal. Elle soutient toutefois la Grève féministe et se bat quotidiennement pour que la cause des victimes soient entendues. L’avocate est signataire d’un appel lancé pour changer le code pénal qui ne soutient pas assez les victimes de violences. Selon Camille La Spada-Odier, la définition du viol, dans le code pénal, implique les notions de violences, de contrainte et de menaces alors que dans beaucoup de situations, les femmes ne sont pas en mesure de se défendre. Autre problème : dans le code pénal, un viol est défini par la pénétration d’un pénis dans un vagin. Or, il existe beaucoup d’autres situations d’agressions sexuelles qui ne sont, pour le coup, pas reconnues. «Une sodomie ou une fellation forcées ne sont pas considérées comme des viol et cela donne l’impression aux victimes que ce qu’elles ont subi est moins grave», déclare l’avocate. 

Une disposition unifiée pour les agressions à caractère sexuel pour «ouvrir une porte à ce que la justice punisse des situations jusqu’ici impunies». Camille La Spada-Odier espère que cet appel, signé par un grand nombre de personnalité, sera entendu et que les choses évolueront. 

 

Léa Frischknecht