Genève

USA – Iran: la guerre?

05.01.2020 20h49 Rédaction

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L’assassinat du général iranien Soleimani sur ordre de Donald Trump, vendredi 3 janvier, a chamboulé la communauté internationale. Cet événement suscite la colère des Iraniens et la peur aux Etats-Unis, le pays ayant été marqué par la crise des otages américains en Iran de 1979. Sur le plateau de Pascal Décaillet, quatre figures genevoises débattent des risques d’un tel événement sur l’organisation géopolitique. 

 

Pas de précipitation pour l'Iran en deuil

Pour mieux comprendre le deuil national iranien, Darius Azarpey, directeur adjoint de la chambre de commerce Iran-Suisse, dresse le portrait du général Soleimani: «Si vous lisez les articles sortis après les récents faits, vous pourrez lire «le puissant général iranien». Il incarnait cette caractéristique car il était toujours au front et paraissait presque intouchable». Selon Darius Azarpey, qui connaît bien l’Iran, même les citoyens qui s’opposaient au gouvernement soutenaient Qassem Souleimani. «Il était devenu le héros national.» 

Faut-il s’attendre à une vengeance immédiate de l’Iran? Pas selon Alfonso Gomez. L’ancien délégué du CICR en Iran pense que des actions seront menées mais dans une autre temporalité. «Il savent qu’au niveau des rapports de force, si une guerre se déclenche, ils ne font pas le poids face aux Etats-Unis. Je pense que le gouvernement iranien va prendre son temps pour réfléchir.» Il souligne également que si l’Iran décide de contre-attaquer, ce ne sera certainement pas proche de ses frontières. 

 

Un président américain instable et une politique de low intensity conflict

La communauté internationale commence également à douter des prises de décision du président américain. Pourtant, la gestion des conflits au Moyen-Orient est très délicate. Selon le conseiller national vert Nicolas Walder, Donald Trump s’entoure mal et n’écoute personne. «Il est capable de prendre des décisions et de lancer des diatribes sans consulter ni écouter. Il n’est pas l’homme de la situation et je pense que c’est un danger pour les Etats-Unis mais également pour le monde entier.»

Enfin, depuis vendredi, beaucoup font le parallèle entre l’assassinat du général Soleimani et celui de l’archiduc François-Ferdinand qui a entraîné la Première Guerre Mondiale en 1914. Doit-on craindre un conflit comme celui qui a agité le monde au début du 20ème siècle ? Pour Alain Bittar, directeur de l’institut des cultures arabes et méditérranéennes (ICAM), la stratégie américaine est différente: «Les américains ont deux concepts: le low intensity conflict (conflit de basse intensité) et le well organized chaos (le chaos bien organisé)». Ce nouveau type de conflit, les Etats-Unis l’ont appliqué ces dernières années en Irak, à Gaza, en Lybie et au Soudan. «Ces gouvernements qui étaient autochrates ne justifiaient peut-être pas qu’il y ait 600'000 morts ou des interventions étrangères de ce type-là.»

 

Léa Frischknecht