Genève

Un an de Covid à Genève : quelles leçons tirer ?

25.02.2021 19h25 Rédaction

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Le 27 février 2020, le premier cas de Covid-19 a été détecté à Genève. C’est le déclenchement d’une première vague, avec son semi-confinement, puis l’emballement avec la seconde. Ce mercredi, quatre personalités du milieu médical et scientifique étaient sur notre plateau pour décrypter cette crise.

« Toutes nos vies ont été chamboulées » scande sur le plateau de Léman Bleu, Valentin Emery en ouverture de ce journal spécial. Entre les différentes vagues, les variations du nombre de cas, les conséquences qu'a le virus dans la vie de tous les jours, il y a en des points à aborder dans notre journal spécial. Pour en discuter, Sylvie Briand, directrice du Département des pandémies et épidémies de l’OMS ; Alain Kolly, directeur général adjoint des HUG ; Philippe Morel, chirurgien et député PLR ainsi que Samia Hurst, vice-présidente de la Task force Covid. À l’occasion, le journal de Léman Bleu est légèrement allongé à 30 minutes, au lieu de 25 d’habitude.

Après une rétrospective sur cette année, les invités sont questionnés sur le point de bascule qui a fait qu’ils ont compris la gravité de la situation. Pour Alain Kolly, cela s’est passé en deux temps, d’abord en janvier quand les HUG ont dû mettre au point les tests PCR, et puis « quand on a reçu un téléphone du médecin cantonal, annonçant que l’on fait le premier cluster au sein de l'hôpital. Tout d’un coup les choses basculent. » Sylvie Briand de l’OMS a vu les choses progressivement, d’abord sous la forme d’une maladie zoonotique, puis sous la forme d’une transmission soutenue entre les hommes. »

Mais l’OMS a-t-elle agi trop tard ? « On a essayé de rendre public des informations dès qu’on avait la certitude? Mais la formation a mis du temps à venir. » Du côté de la vice-présidente de la Task force, tout est parti d’un coup de fil d'un journaliste lui demandant son avis sur les restrictions en chine. Mais la bascule a eu lieu à l’occasion de l’aggravation en Italie du Nord, « comme pour beaucoup de gens ».

« Le personnel soignant a souffert »

Philippe Morel, de son côté attaque l’OMS « pour s’être tâtée au début, pour savoir si c’était ou non une épidémie », avant de saluer des propos de Sylvie Briand, cette dernière ayant mis en avant les confinements locaux. « On essaye d’être drastiques » répond à l’accusation la directrice du département des pandémies. « Les critiques on les accepte. Notre but c’est de protéger la santé du monde ». Philippe Morel en profite également pour saluer le courage des soignants, « qui ont été confrontés à l'ampleur d'un désastre sans précédent ».

Alain Kolly revient sur l’impact qu’a eu le virus à l’hôpital : « cela représente un volume supplémentaire de 25% à 30%, sur des situations particulièrement délicates à traiter. Une des grosses difficultés, c’était de recevoir une soixantaine de patients avec des gros besoins. On a dû adapter not unités de soins. » Il parle d’une révolution liée à la maladie, menée grâce à la volonté « de soigner tout le monde. »

Les forces et les faiblesses des systèmes hospitaliers

« Il y avait moins de préparation comparé à  la pandémie en 2009, pointe Sylvie Briand. Ces années-là, on avait des masques. » Samia Hurst, elle décrit ce virus comme une conséquence de l’action de l’homme : « C’est un exemple que l’on ne contrôle pas complètement la nature. » Sur le plan politique, Philippe Morel s’est montré critique : « Nos autorités politiques n’ont pas du tout été préparées. L’homme politique a beaucoup de peine à ne pas suivre les recommandations sanitaires. Mais il doit prendre en compte les autres besoins de la population » avant de tacler la Taskfforcefédéralee. Ce à quoi répond Samia Hurst : « C’est vrai que baser sur la science ne veut pas dire diriger par la science ».

« Ce qui caractérise les épidémies, c’est que les gens ont peur et qu’il y a beaucoup d’incertitudes. »

Dans cette longue interview, Sylvie Briand et Samia Hurst reviennent sur la question des fausses informations, qu’elles qualifient presque de normales du fait du climat actuel. Mais de dangereuses, en prenant l’exemple de ces 700 morts empoisonnées en Iran à cause d’une fausse information. L’entretien se termine l’avenir. Philippe Morel veut accélérer le processus de vaccination et les aides aux entreprises. De son côté Alain Kolly rappelle que l'hôpital est avant tout un lieu de guérison. « Le plus important, c’est de consolider tout ce que l’on a appris cette année et réenchanter le monde de l’hôpital. » Sylvie Briand, elle, est optimiste et appelle au calme : « même avec les variants, les vaccins fonctionnent quand même ». Samia Hurst, elle aussi pense qu’il faut rester optimiste, du fait du retour des beaux jours et de l’avancée de la vaccination. « Ça ne sera pas du jour au lendemain, mais un jour en regardera en arrière et on se dira : c’était la pandémie », conclut la vice-présidente de la Task force. De quoi garder l’espoir.

Ci-dessous, rétrospective sur ces 365 jours de crise sanitaire.