Genève

Ziegler: «La démocratie en Europe disparaît»

19.03.2016 14h06 Rédaction

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Jean Ziegler, aujourd’hui membre du comité consultatif au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, était le grand invité de la première partie du Geneva Show. Il réagit à l’accord entre les Vingt-Huit et la Turquie, visant à endiguer la crise migratoire, et revient sur ses combats qu’il expose dans un livre, constamment réédité depuis 30 ans, «Retournez les fusils!».

Vendredi 18 mars, l’Union Européenne annonçait l’aboutissement d’un accord avec la Turquie, pays clé pour la résolution de la crise migratoire sans précédent que traverse le vieux continent. Conditionné à des concessions importantes faites au gouvernement d’Ankara, cet accord prévoit notamment le renvoi vers la Turquie des réfugiés arrivés en Grèce. L’Europe, elle, s’engagera à accueillir des réfugiés arrivés sur sol turc, selon le principe du «un pour un». Scandalisé, Jean Ziegler prône l’ouverture des frontières de l’Europe et dénonce une atteinte aux droits de l’homme.

En violant le doit à l’asile, le socle sur lequel l’Europe est bâtie peut disparaître; et avec lui, la démocratie en Europe. »

Jean Ziegler revient sur son rôle joué dans l’accord secret négocié entre l’Organisation pour la Libération de Palestine (OLP) et la Confédération suisse, il y a près de cinquante ans. Homme de réseaux, il a su jouer de ses contacts pour mettre en lien le conseiller fédéral de l’époque Graber avec des acteurs palestiniens. Cet accord a permis à la Suisse de ne pas connaître de nouveaux attentats, après l’explosion en vol d’un avion Swissair causant la mort de 47 personnes.

Je me suis tu pendant cinquante ans, parce que trois de mes meilleurs amis diplomates ont été assassinés par le Mossad. J’avais une trouille absolue. »

Son éternelle liberté d’expression, Jean Ziegler la doit à ses immunités successives acquises d’abord en tant qu’élu parlementaire, puis aujourd’hui grâce à ses activités onusiennes. Elles lui permettent d’écrire librement et de mener ses combats intellectuels qui n’ont pas tari à la veille de ses 82 ans. Optimiste, il croit en une «insurection des consciences».

Je ne suis pas plus courageux ou plus intelligent que les autres, mais incroyablement privilégié. »

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Jérémy Seydoux
@JeremySeydoux