Genève

Bilan des sortants: Mauro Poggia, le ministre omniprésent

11.03.2023 10h00 Céline Argento

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Suite et fin de notre série de bilans des conseillers d’Etat qui ne se représentent pas. Après Serge Dal Busco et Anne Emery-Torracinta, place au président actuel, Mauro Poggia. Le ministre MCG aura dû affronter la crise du covid, mais surtout, reprendre un département mammouth. 

Après dix ans de Conseil d’Etat, Mauro Poggia termine ce mandat en étant président. À l’heure du bilan, il avoue avoir vécu une législature très intense: «Un début compliqué avec un membre du gouvernement qui posait problème. Puis évidemment, le covid.»

En 2018, Mauro Poggia est réélu, en deuxième position après Pierre Maudet. L’image est forte: un homme remontant seul la rue de l’hôtel de ville, sans fleurs ni drapeaux. Il prend le département de la Santé de l’Emploi. Un dossier lui est cher, les assurances maladies, dont il n’arrive pas à endiguer la hausse. En 2017, il s’allie à son homologue vaudois Pierre-Yves Maillard pour une initiative voulant donner l’indépendance aux cantons. Mais en 2019, c’est l’échec par manque de signatures. Aujourd’hui le conseiller d’Etat fustige l’inaction de Berne sur les hausses de primes: «Le conseiller fédéral devient désabusé, il n’a même plus la volonté d’essayer.» 

Humaniser les décisions 

Mais dans le domaine de la santé, le principal dossier de ces cinq ans, c’est celui du covid. Il annonce aussi bien les mesures de santé que celles de restrictions. «Cela ne m’a pas déplu d’être l’homme de la crise, j’aime la communication. J’aime l’humain de manière générale. Le fait d’être sollicité pour essayer d’humaniser une politique qui était souvent incompréhensible avec des incohérences, c’est quelque chose qui m’a plu, même si tout le monde aurait souhaité éviter cette crise». 

Au delà de la gestion de la pandémie, Mauro Poggia créé la pharmacie 24h/24h à coté des HUG. Le dossier électronique du patient avance sous son mandat, mais à petits pas. Il instaure aussi une jauge pour l’installation des médecins à Genève, pour limiter les couts de la santé.

Droit dans ses bottes

Mauro Poggia gère aussi la sécurité dès 2019, héritée de la nouvelle répartition des départements dans l’affaire Maudet. Un homme droit dans ses bottes: lors de la manifestation non autorisée des cyclistes en 2020, la police intervient. Des amendes sont distribuées. Face aux critiques, Mauro Poggia reste ferme.

Il ne parvient toutefois pas à maintenir la loi police créée par Pierre Maudet. Le Grand Conseil en adopte une nouvelle à l’automne 2022 sur impulsion de la gauche, contre l’avis du conseiller d’État: «c’était pas de l’anti-Poggia, c’était aussi de l’anti-Maudet.» 

Sécurité toujours, la problématique de la prison de Champ-Dollon persiste du fait de la surpopulation carcérale. Le Tribunal Fédéral a jugé que Genève viole les exigences de l’article 3 de la Convention européenne des Droits de l’homme. À l’été 2022, Mauro Poggia annonce la volonté de démolir Champ-Dollon, suite au refus de construction de la prison des Dardelles. Mais avec un horizon lointain, à 2030.

Savoir dire stop...ou pas

À l’automne 2022, Mauro Poggia annonce ne pas vouloir se représenter au Conseil d’Etat: «Si je m’écoutais je resterais, mais à un moment il faut savoir dire ‘j’arrête’.» Pourtant la fin politique n’est peut être pas pour tout de suite. Il pourrait devenir candidat au second tour des cantonales selon les résultats du premier. Et s’il n’y avait pas de suite politique, son aspiration serait au moins, de travailler un peu moins: «si je pouvais travailler seulement à 100% ce serait déjà bien».