Scandale judiciaire: des avocats mis sur écoute dans l'affaire des promoteurs
Dans le procès en appel de l’affaire des promoteurs immobiliers, les avocats de la défense ont découvert qu’ils ont été écoutés. Le scandale éclabousse le Ministère public. Le procès est suspendu.
«C’est un jour noir pour la justice» «le plus grand scandale judiciaire de la décennie». Les termes, extrêmement forts, ont été prononcés ce jour au palais de justice de Genève. En ce 7 novembre s’ouvrait le procès en appel des promoteurs immobiliers dans l’affaire des constructions fantômes, jugé en première instance il y a un an. Ce lundi matin, les avocats de la défense ont présenté à la Chambre pénale d’appel et de révision des clés USB contenant des écoutes téléphoniques datant de 2014. Les clés contiennent des conversations entre les promoteurs et leurs avocats, enregistrées par la brigade financière de la police cantonale.
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À ce moment-là, l’enquête était en cours. Le Tribunal des mesures de contrainte (TMC) avait donné son aval en précisant que toute conversation écoutée devait être transmise pour examen et détruite. Or, 3’000 échanges ont été stockés et ont fait l’objet de 62 retranscriptions écrites.
Une utilisation illicite
La défense pointe l’illégalité de ces écoutes, qui touchent au secret professionnel des avocats. Mes Didier Bottge et Nicola Meier ont demandé la récusation de la procureure, Caroline Babel Casutt. Ils l’accusent d’avoir utilisé les écoutes du dossier parallèle pour instruire l’affaire. La procureure a, de son côté, réfuté toute consultation de ces écoutes. Elle a également expliqué que «tout a été fait dans les règles de l’art.»
Après plusieurs heures d'incertitude, le président de la Cour a décidé de suspendre le procès. Il s'agit d'attendre que la procédure de récusation visant la procureure soit menée à son terme.