International

Scholz demande à Xi de faire pression sur Poutine pour qu'il cesse la guerre en Ukraine

16.04.2024 20h05

Scholz demande à Xi de faire pression sur Poutine pour qu'il cesse la guerre en Ukraine

Le chancelier allemand a pratiqué un exercice d'équilibriste. Il entend renforcer les liens économiques de l'Allemagne avec la Chine, son principal partenaire commercial, tout en représentant une Union européenne (UE) qui désire moins dépendre économiquement du géant asiatique.

Photo: KEYSTONE/EPA/XINHUA / DING HAITAO

Le chancelier allemand a dit mardi à Pékin avoir demandé au président chinois de faire pression pour que Moscou cesse sa 'campagne insensée' en Ukraine. Tout en affirmant que les deux dirigeants soutiendraient la conférence de paix prévue en Suisse en juin.

'La parole de la Chine a du poids en Russie', a lancé Olaf Scholz après une rencontre avec Xi Jinping dans le complexe diplomatique de Diaoyutai à Pékin. Il a fait part de son souhait de voir les troupes russes se retirer d'Ukraine et que 'cette terrible guerre s'arrête'.

Pékin se dit neutre dans le conflit en Ukraine et n'a jamais publiquement condamné Moscou pour son invasion. La Chine appelle régulièrement à prendre en considération les préoccupations en matière de sécurité de la Russie face à l'Otan.

'D'accord pour soutenir la conférence'

Dans le même temps, le chancelier allemand a déclaré à Pékin être d'accord avec le président chinois pour soutenir la Conférence sur la paix en Ukraine, que la Suisse compte organiser les 15 et 16 juin.

'La Chine et l'Allemagne veulent se concerter de manière intensive et positive sur la promotion de l'organisation d'une conférence de haut niveau en Suisse et de futures conférences internationales sur la paix', a-t-il souligné.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a de son côté écrit sur X 'prendre note avec un grand intérêt' que la 'conférence de haut niveau' sur la paix en Ukraine prévue en Suisse ait fait l’objet de discussions officielles à Pékin entre MM. Scholz et Xi.

Mettre la diplomatie au centre

Olaf Scholz a beaucoup insisté sur la nécessité d'intensifier les efforts diplomatiques pour tenter de trouver une issue à la guerre en Ukraine, alors que l'Allemagne jusqu'ici s'est surtout focalisée sur l'aide militaire à Kiev.

'Je pense que c'est un progrès nécessaire qu'à côté du soutien militaire à l'Ukraine fourni par l'Allemagne, ses amis et ses alliés, la question de la diplomatie soit actuellement au centre' des débats, a relevé le chancelier.

'Respect de la Charte de l'ONU'

Le chef de l'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky a réagi sur X en jugeant que la Chine pouvait aider à 'accélérer' la paix.

Mais il a prévenu que la priorité devait être de 'rétablir le plein respect des objectifs et des principes de la Charte des Nations unies, y compris le respect des principes d'intégrité territoriale'. Une manière d'exclure l'abandon de territoires ukrainiens au profit de Moscou.

Xi Jinping a pour sa part appelé à 'ne pas jeter de l'huile sur le feu'. 'Nous devons réunir les conditions nécessaires au rétablissement de la paix' et 'réduire les répercussions sur l'économie mondiale', a-t-il plaidé.

La Chine et la Russie se rapprochent depuis plus d'une décennie en raison de leur dénonciation commune de ce qu'ils présentent comme l'hégémonie occidentale sur la scène internationale. Ces deux pays ont renforcé leur coopération économique, militaire et diplomatique depuis l'invasion de l'Ukraine.

Exercice d'équilibriste

Olaf Scholz est arrivé en Chine dimanche, accompagné d'une importante délégation composée de ministres et de chefs d'entreprise. Il s'agit de sa deuxième visite dans ce pays depuis qu'il a pris ses fonctions fin 2021.

Pendant son voyage de trois jours, qui l'a conduit dans la ville-province de Chongqing (sud-ouest), la capitale économique Shanghaï et pour finir à Pékin, le chancelier allemand a pratiqué un exercice d'équilibriste.

Il entend renforcer les liens économiques de l'Allemagne avec la Chine, son principal partenaire commercial, tout en représentant une Union européenne (UE) qui désire moins dépendre économiquement du géant asiatique.

Sa visite intervient au moment où l'Union européenne accuse la Chine de fausser le marché européen en l'inondant de produits à bas prix, des véhicules électriques aux éoliennes en passant par les panneaux solaires.

Subventions

Après un entretien avec M. Scholz, le Premier ministre Li Qiang a battu en brèche les critiques à l'encontre du soutien financier chinois aux énergies renouvelables.

Selon lui, les subventions à l'industrie sont une pratique courante dans le monde et dans beaucoup de pays, elles sont bien plus importantes qu'en Chine.

Il a également rejeté les accusations de surcapacités de production chinoises, surtout dans les technologies via de fortes subventions publiques. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, s'en était récemment inquiétée.

Il ne faut pas arbitrairement décider quel pays a des surcapacités, a insisté Li Qiang.

/ATS