Marc-Anthony Anner: « Il faudrait des quotas latins »
Marc-Anthony Anner est un président très occupé, qui n'a pas sa langue dans sa poche
Photo: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFIPrésident intérimaire de la fédération suisse, Marc-Anthony Anner s'est confié à Keystone-ATS à l'occasion du Mondial. 'Il faudrait des quotas latins', lâche-t-il.
Le Vaudois de 56 ans est un homme occupé, c'est le moins que l'on puisse dire. Les journées n'ont malheureusement que 24 heures. Et quand on dirige la SIHF tout en restant directeur de l'établissement scolaire d'Ollon, il faut savoir jongler. 'Je sais où je vais, j'ai encore une vie professionnelle à côté, je ne peux pas courir partout', dit-il. Avant d'enchaîner: 'J'ai repris la présidence du Championnat du monde 2026.'
L'intérim doit durer jusqu'en septembre lors de la prochaine élection. 'Après ça, je reprendrai ma fonction de vice-président et celle de président du hockey amateur, espoir et féminin, dit-il sans l'ombre d'un regret dans la voix.
'On m'a demandé si je voulais continuer. Et cela vient aussi bien des milieux sportifs que politiques et même internationaux. On m'interpelle encore aujourd'hui, mais j'ai une vision assez claire de ma personne et de ce que je fais. Ceci dit, je ne vais pas disparaître et j'accompagnerai le prochain président. Je serai peut-être un +super+ vice-président.'
Ramener le calme dans la maison
Il y a de bonnes chances pour que le prochain patron soit alémanique. 'La représentativité des Romands au sein des fédérations n'est pas folle, ça devrait pourtant être un dû, ose ce fils d'un père alémanique et d'une mère anglaise. On parle de quotas féminins, mais il faudrait des quotas latins.'
Durant sa présidence, il a fallu tout d'abord ramener le calme dans la maison du hockey suisse après le départ de Stefan Schärer. 'Le dossier des ressources humaines était un gros chantier, reconnaît-il. Le but, c'est que les gens puissent travailler dans la sérénité. La fédération s'apparente à un gros paquebot et il faut un capitaine.'
Outre les soucis internes à régler, le Villardou est heureux d'avoir pu mettre sur pied une amélioration de l'arbitrage avec un nouveau trio solide et annoncé, composé d'Alexander Jäger comme chef, de l'ancien arbitre Brent Reiber en tant qu'arbitre en chef et du Suédois Joel Hansson, passé par l'IIHF, qui va avoir un poste d'éducateur des directeurs de jeu. 'Ce sont des gens qui peuvent travailler ensemble, se réjouit le président. Ca nous a pris du temps, mais on peut être content.'
'Personne n'est heureux d'une relégation'
Pour faciliter le travail des arbitres en National League, la ligue pourrait installer des caméras sur les lignes bleues et des micros sur les arbitres pour faire entendre leurs décisions, comme cela se fait au Championnat du monde.
'Là où il y a une volonté, il y a un chemin, pour moi c'est clair, estime Anner. Pour côtoyer les arbitres à tous les niveaux, c'est l'anglais qui prédomine. A titre personnel, je suis à 100% pour ceci. Alors oui, il y a un petit investissement à faire, mais après on amène plus de fluidité et moins d'incompréhensions. Et peut-être qu'on peut valoriser ça d'une autre manière et y voir une opportunité. C'est une piste de réflexion à mener et ne pas juste la balayer.'
Organisateur d'un tournoi dans le Chablais mettant aux prises les meilleures nations M18, le Vaudois n'a logiquement pas bien accueilli la relégation de l'équipe de Suisse M18 en deuxième division. 'Personne n'est heureux d'une relégation, lance-t-il. On sait depuis plusieurs années que cela peut nous arriver en M18 et en M20. Mais je pense de manière positive et j'y vois une opportunité. On doit faire une analyse, comme le staff de l'équipe A après un Mondial. C'est ensuite présenté au comité des équipes nationales avec des représentants de National League. C'est l'affaire de tout le monde, la fédération et les clubs doivent travailler ensemble.'
Salary cap ou fair-play financier
Marc-Anthony Anner donne une piste: 'Il faut donner du temps jeu à ces jeunes garçons en les faisant jouer contre des hommes, ce qui se fait dans d'autres championnats. Je ne parle pas forcément de la National League, là c'est plus pour les M20, mais en Swiss League ou en MyHockey League. A titre personnel, je préférerais voir des jeunes et un ou deux étrangers en moins. Mais la National League est un magnifique produit, on ne va pas se le cacher. Les étoiles, c'est la National League et le phare, c'est l'équipe nationale.'
Autre sujet d'importance afin de freiner les coûts, la possible installation d'un salary cap. Comme en ce qui concerne les améliorations pour les arbitres, le président de la SIHF parle d'une question de volonté de la part des clubs: 'On ne peut pas faire un copier-coller de la NHL. En revanche, on pourrait imaginer un fair-play financier. Il faudrait discuter avec quelques politiques pour qu'ils donnent un coup de main. Je pense qu'il faut faire attention à cette fuite en avant financière. Je ne parle pas que des clubs de National League, mais même en-dessous.'
Avant de laisser le président quitter le Danemark, on lui demande ce qu'il pense de l'équipe de Suisse: 'Ce qui me frappe, c'est la sérénité sur la glace et en dehors. Chacun connaît son rôle. Il y a un coup à jouer sans fanfaronner. Mais le match où j'aimerais voir la Suisse c'est le 64e', soit la finale, conclut-il.
/ATS