Allemagne: mea culpa d'un Syrien accusé d'une attaque djihadiste
L'auteur de l'attaque au couteau de Solingen en Allemagne est passé aux aveux, mardi, au premier jour de son procès.
Photo: KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHER NEUNDORF / POOLUn Syrien soupçonné d'appartenir au groupe Etat islamique (EI) est passé aux aveux mardi. Il a exprimé des regrets, au premier jour de son procès pour le meurtre au couteau de trois personnes en Allemagne.
'J'ai tué et blessé des innocents, pas des infidèles. Nous sommes tous cousins, chrétiens, juifs et musulmans, et nous ne sommes pas ennemis', a dit Issa Al Hasan, 27 ans, dans une déclaration lue par son avocat peu après l'ouverture de son procès sous haute sécurité au tribunal de Düsseldorf.
Cette agression perpétrée l'été dernier lors d'une fête populaire dans la ville de Solingen (ouest) avait profondément choqué l'opinion.
Issa Al Hasan a admis avoir 'commis un crime grave'. 'Trois personnes sont mortes de mes mains. J'en ai gravement blessé d'autres', a poursuivi le jeune homme dans le texte, ajoutant mériter 'une peine d'emprisonnement à perpétuité'.
Il est accusé par le parquet fédéral de trois meurtres, dix tentatives de meurtre et appartenance à une organisation terroriste étrangère.
Vêtu d'un t-shirt bleu, l'accusé était assis sur un banc derrière une vitre sécurisée, gardant la plupart du temps la tête baissée.
Dans la foulée du drame de Solingen, le gouvernement avait durci la législation sur le port de couteaux, interdits dans les rassemblements publics et dans les transports longue distance.
D'autres attaques au couteau du même type, impliquant ou non des étrangers, ont eu lieu par la suite dans le pays, en amont des élections législatives du 23 février remportées par les conservateurs du chancelier Friedrich Merz.
Etat islamique
Selon l'acte d'accusation, Issa Al Hasan est 'un partisan de l'idéologie' de l'organisation Etat Islamique et a 'sur cette base décidé de commettre' l'attaque.
L'accusé est originaire d'une banlieue de la ville de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, dans une région bastion de l'EI pendant la guerre civile ayant démarré en 2011. Des cellules du groupe y sont toujours actives aujourd'hui, affirme le magazine Der Spiegel.
Avant de passer à l'acte, il a contacté par messagerie un membre de l'EI qui l'a 'encouragé' et l'a 'assuré que l'EI assumerait la responsabilité du crime', ajoute-t-il.
Le suspect s'est ensuite filmé en train de prêter allégeance au groupe, des vidéos qu'il a transmises à son interlocuteur juste avant l'attaque. Un psychiatre a rapporté au procès que l'accusé a nié devant lui être un islamiste radical, estimant avoir été fortement influencé.
L'agresseur avait frappé au hasard devant la scène où se déroulait un concert, visant 'le cou et le haut du corps' des spectateurs, 'principalement par derrière', selon l'accusation.
Il a ensuite pris la fuite, avant de se rendre le lendemain aux autorités. Le même jour, l'organisation Etat Islamique a revendiqué l'attaque.
Celle-ci avait aussi révélé les failles du règlement européen de Dublin, selon lequel le premier pays de l'Union dans lequel est entré un étranger clandestin est responsable de sa demande d'asile. Issa Al Hasan aurait en effet dû être en principe expulsé vers la Bulgarie, où son arrivée avait été enregistrée en 2022.
Une série d'attaques
L'Allemagne a connu ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières à l'arme blanche, ainsi que des attentats à motif jihadiste et des violences d'extrême droite qui ont mis au premier plan les questions de sécurité.
Ces agressions, dont certaines ont été imputées à des étrangers, ont mis l'immigration au premier plan de la récente campagne électorale pour les législatives et favorisé aussi le résultat record du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), arrivé en deuxième position du scrutin.
Quelques mois avant Solingen, une attaque au couteau visant un rassemblement anti-Islam à Mannheim (ouest) avait fait un mort, un jeune policier. L'agresseur présumé était un ressortissant afghan.
Tout récemment, vendredi, 17 personnes ont été blessées à l'arme blanche sur un quai bondé de la gare de Hambourg, dans le nord de l'Allemagne. L'auteure présumée est une femme allemande de 39 ans, souffrant apparemment de troubles psychiatriques.
/ATS