La Chine se prépare à « utiliser la force » en Asie, selon Washington
La région Asie-Pacifique est le "théâtre prioritaire" des Etats-Unis, a assuré Pete Hegseth à Singapour.
Photo: KEYSTONE/EPA/HOW HWEE YOUNGLe ministre US de la Défense Pete Hegseth a accusé samedi la Chine de se préparer 'à potentiellement utiliser la force militaire' en Asie-Pacifique. Un discours dénoncé par Pékin, alors que Washington a fait de cette région son 'théâtre prioritaire'.
'La menace que représente la Chine est réelle et pourrait être imminente', a affirmé le chef du Pentagone au Shangri-La Dialogue de Singapour, plus grand forum sur la sécurité et la défense en Asie. Cela dans un contexte de tensions commerciales et géopolitiques accrues entre Washington et Pékin depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.
L'ambassade de Chine à Singapour a dénoncé ce discours, le jugeant 'plein de provocations'. Elle a accusé Washington d'accroître les tensions dans la région, créant ainsi 'des risques de guerre'.
Le représentant chinois au forum, le contre-amiral Hu Gangfeng, a dénoncé de son côté des 'accusations sans fondement' destinées 'à semer le trouble, à créer des divisions, à inciter à la confrontation et à déstabiliser l'Asie-Pacifique'.
'Invasion de Taïwan en vue'
M. Hegseth a assuré que Pékin 'souhaite dominer et contrôler' la région et 's'entraîne tous les jours' en vue d'une invasion de Taïwan, avec une multiplication des manoeuvres chinoises autour de l'île.
Pékin se prépare ainsi 'clairement et de manière crédible à potentiellement utiliser la force militaire pour modifier l'équilibre des forces' en Asie-Pacifique, a estimé le dirigeant américain.
M. Hegseth a également dénoncé la multiplication des incidents impliquant des navires chinois en mer de Chine méridionale, accusant Pékin 'de s'emparer et de militariser illégalement' des îles et îlots revendiqués notamment par les Philippines.
L'Europe en exemple
Le forum Shangri-La Dialogue rassemble chaque année des responsables issus de l'ensemble de l'Asie ainsi que du reste du monde dans la cité-Etat de Singapour. Pour la première fois depuis 2019 cependant, la Chine n'y a pas dépêché de responsable de haut niveau.
Pour Washington, l'Asie-Pacifique est le 'théâtre prioritaire' et les Etats-Unis 'réorientent (leur stratégie) en vue de dissuader toute agression par la Chine communiste', a assuré M. Hegseth.
'L'Amérique est fière d'être de retour en Indo-Pacifique, et nous sommes ici pour y rester', a-t-il martelé. Mais 'les alliés des Etats-Unis dans l'Indo-Pacifique peuvent et doivent augmenter rapidement leurs propres moyens de défense', a-t-il souligné.
'Grâce au président Trump, nos alliés et partenaires asiatiques devraient s'inspirer des pays européens, un tout nouvel exemple' en la matière, a-t-il déclaré.
'L'UE a changé de braquet'
Plusieurs pays européens, à commencer par l'Allemagne, ont annoncé une hausse significative de leurs budgets militaires afin de les porter à 5% de leur PIB face à la menace du président US de se désengager de la défense de l'Europe via l'Otan.
Egalement présente au forum, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a souligné que 'l'Union européenne a changé de braquet et repensé son paradigme pour en faire un projet de paix soutenu par une défense solide'.
'Nouvelles alliances'
Les tensions entre les Etats-Unis et la Chine ont été avivées par le retour au pouvoir de Trump, qui a notamment infligé à Pékin des droits de douane record.
Premier représentant européen à tenir le discours d'ouverture du Shangri-La Dialogue, le président français Emmanuel Macron avait appelé vendredi à 'bâtir de nouvelles alliances' avec ses partenaires asiatiques pour ne pas être 'les victimes collatérales' des 'décisions prises par les superpuissances'.
Il a par ailleurs rappelé les autorités chinoises à ce qu'il considère être leur rôle dans la sécurité internationale.
'Si la Chine ne veut pas que l'Otan soit impliquée en Asie du Sud-Est ou en Asie, elle doit empêcher clairement la Corée du Nord d'être impliquée sur le sol européen', où elle a déployé des soldats contre l'Ukraine au côté de la Russie, a déclaré le dirigeant français.
Propos 'inacceptables'
Répondant à M. Macron, qui avait également établi vendredi un parallèle entre la situation de l'Ukraine et celle de Taïwan, la Chine a jugé ces derniers propos 'inacceptables'.
'Les deux sont de natures différentes, et en aucun cas comparables', a réagi l'ambassade de Chine à Singapour, soulignant que pour Pékin 'Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois'.
/ATS