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L'ex-président français Sarkozy exclu de la Légion d'honneur

15.06.2025 02h30

L'ex-président français Sarkozy exclu de la Légion d'honneur

Outre celle des écoutes, Nicolas Sarkozy est mis en cause dans plusieurs affaires judiciaires. Il a notamment comparu au début 2025 pour des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/THIBAULT CAMUS

L'ex-président français Nicolas Sarkozy s'est vu retirer la Légion d'honneur, la plus haute distinction française, à la suite de sa condamnation à un an de prison ferme pour corruption, selon un arrêté publié dimanche. Il est aussi exclu de l'ordre national du Mérite.

Il devient ainsi le deuxième chef de l'Etat français privé de cette distinction après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée après sa condamnation en août 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

Cette décision était attendue depuis que la condamnation de Nicolas Sarkozy a été rendue définitive par le rejet d'un pourvoi par la cour de cassation en décembre.

Nicolas Sarkozy a 'pris acte' dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

Cour européenne des droits de l'homme

'Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le Grand Chancelier. Il n'a jamais fait de cette question une affaire personnelle', a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'Etat 'a fait valoir des arguments juridiques, c'était au nom de la fonction même de président de la République'.

'La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre (de Nicolas Sarkozy) en même temps que l'exclusion de l'ordre de la Légion d'Honneur, l'une n'étant que la conséquence de l'autre', a assuré Patrice Spinosi.

Dans l'affaire des écoutes, l'ex-chef de l'Etat (2007-2012) a été reconnu coupable d'avoir, en 2014, tenté de corrompre un magistrat de la cour de cassation, Gilbert Azibert, dans l'espoir d'obtenir des informations confidentielles et avec l'aide de son avocat Me Thierry Herzog. Tous trois ont été condamnés, en première instance et en appel, à la même peine de trois ans de prison, dont un ferme.

D'autres affaires en cours

Avec le rejet de son ultime recours en France, Nicolas Sarkozy était sous le coup d'une exclusion de la Légion d'honneur qui est automatique quand un récipiendaire est définitivement condamné pour un crime ou écope d'une peine d'emprisonnement égale ou supérieure à un an ferme.

Dans ces cas, le retrait est 'de droit', avait souligné en mars le Grand chancelier de la Légion d'honneur, le général François Lecointre, qui a signé l'arrêté privant Nicolas Sarkozy des deux titres dont il était grand-croix, grade le plus élevé.

En vertu de l'arrêté signé du 5 juin, les deux coprévenus de Nicolas Sarkozy, Gilbert Azibert et Thierry Herzog, sont, eux aussi, exclus de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite.

Outre celle des écoutes, Nicolas Sarkozy est mis en cause dans plusieurs affaires judiciaires. Il a notamment comparu au début 2025 pour des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Le jugement dans ce dossier sera rendu fin septembre.

Lien avec Pétain indigne

Davantage que le retrait de sa décoration, c'est le lien avec le maréchal Pétain qui est commenté dans les milieux politiques. 'Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne', s'est emportée la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant 'acte' elle aussi de cette décision 'automatique qui fait partie du code de la Légion d'Honneur'.

'Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués', a-t-elle déclaré, se disant 'un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu'elle entraîne comme comparaison'.

'C'est une règle, mais c'est aussi une honte', a déploré sur franceinfo le nouveau secrétaire général de LR, Othman Nasrou, proche de Bruno Retailleau, apportant son 'soutien et son respect' à l'ex-président.

A gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que 'la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité'.

/ATS