Kirsty Coventry plonge le CIO dans une ère nouvelle
Kirsty Coventry va remplacer Thomas Bach lundi à la tête du CIO
Photo: KEYSTONE/AP/Thanassis StavrakisElue en mars face à six adversaires, Kirsty Coventry va devenir lundi la première femme et première Africaine à la tête du Comité international olympique.
La Zimbabwéenne succède, à seulement 41 ans, à l'Allemand Thomas Bach.
La septuple médaillée olympique de natation, plus jeune présidente de l'instance olympique depuis son fondateur Pierre de Coubertin, entame un mandat de huit ans, avant une éventuelle reconduction pour quatre ans.
Son avènement au sommet du sport mondial, reflet du poids politique croissant des anciens athlètes, 'rajeunit énormément le CIO et renforce sa légitimité', relève auprès de l'AFP Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l'olympisme à l'Université de Lausanne.
Le symbole est puissant pour une organisation longtemps décrite comme un repaire d'aristocrates, dirigée pendant 131 ans par des hommes occidentaux - huit Européens et un Américain -, mais nettement internationalisée et féminisée sous la houlette de Thomas Bach.
Au-delà de cet enjeu d'image, les membres du CIO ont choisi Kirsty Coventry 'pour ses qualités professionnelles et ses qualités humaines, au moins aussi importantes', louait ainsi début juin le Bavarois de 71 ans.
Si le grand public doit encore la découvrir, la Zimbabwéenne, entrée en 2013 à la commission des athlètes, est déjà bien connue du mouvement olympique, membre de la puissante Commission exécutive et présidente de la commission de coordination des JO-2032 de Brisbane.
Le genre, chantier prioritaire ?
La transition programmée à la mi-journée s'annonce chaleureuse, tant Thomas Bach passe pour avoir poussé en coulisses l'ex-championne, l'associe depuis mars à toutes ses réunions, et a promis ensuite de ne pas jouer au 'vieux bonhomme' s'éternisant dans les parages.
Après 12 ans de règne, l'ancien champion olympique de fleuret laisse une maison prospère, qui dispose d'hôtes pour ses Jeux olympiques jusqu'en 2034 et a sécurisé jusqu'en 2036 son accord de diffusion avec la chaîne américaine NBC Universal, crucial pour ses finances.
Kirsty Coventry devra néanmoins imposer rapidement sa propre marque, elle qui a mené une campagne discrète - pendant laquelle elle a limité ses déplacements et accouché de sa deuxième fille -, sans avancer de propositions concrètes.
L'ex-reine du 200 m dos consultera dès mardi la centaine de membres du CIO pour définir 'une nouvelle feuille de route', puis présidera mercredi et jeudi la commission exécutive, avant de s'exprimer face à la presse.
Sa position sera particulièrement scrutée sur la réémergence des tests chromosomiques de genre pour accéder aux compétitions féminines, sous l'impulsion de World Athletics en mars puis de la jeune instance World Boxing fin mai.
Amadouer Trump
Pressée de questions sur ce sujet en mars, Coventry avait promis de 'protéger les athlètes féminines', mais sans s'avancer sur l'admission ou l'exclusion des athlètes transgenres ou intersexes: elle voulait un 'groupe de travail' pour aboutir à une 'décision commune', et se voit déjà prise de vitesse par plusieurs disciplines.
A moins d'un an des JO 2026 de Milan/Cortina, il faudra aussi que la nouvelle présidente décide du sort des athlètes russes et bélarusses: à moins d'une paix durable en Ukraine, une participation limitée aux épreuves individuelles, sous drapeau neutre et strictes conditions, comme aux JO 2024 de Paris, semble la piste la plus probable.
Diplomatiquement, Kirsty Coventry devra également nouer une relation avec le président américain Donald Trump, hôte des JO 2028 de Los Angeles. 'Depuis l'âge de 20 ans, j'ai été confrontée, disons, à des hommes difficiles occupant de hautes fonctions', avait plaisanté l'ancienne nageuse en mars. 'Ce que j'ai appris, c'est que la communication sera la clé, et c'est quelque chose qui doit se produire tôt'.
Outre son action attendue sur le modèle économique du CIO et son impact climatique, des sujets existentiels pour l'olympisme, l'instance olympique devra aussi attribuer les JO d'été de 2036, pour lesquels les 'parties intéressées' se bousculent, de l'Inde à l'Afrique du Sud en passant par la Turquie, la Hongrie, le Qatar ou l'Arabie Saoudite.
/ATS