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L'héritage d'Hatchepsout n'a pas été détruit en raison de son genre

24.06.2025 06h09

L'héritage d'Hatchepsout n'a pas été détruit en raison de son genre

La reine Hatchepsout a régné sur l'Egypte il y a environ 3500 ans, après la mort de son mari Thoutmosis II (archives).

Photo: KEYSTONE/AP/AMR NABIL

Elle fut l'une des souveraines les plus prospères de l'Egypte antique, une femme pharaon qui a précédé Cléopâtre VII de 1500 ans. Mais l'héritage de la reine Hatchepsout fut systématiquement détruit après sa mort par son beau-fils et successeur.

Les raisons pour lesquelles son règne impressionnant fut méthodiquement effacé ont suscité de nombreux débats. Dans une nouvelle étude publiée lundi, un chercheur de l'université de Toronto juge que l'accent a été trop mis sur son genre.

'C'est une question assez romantique: pourquoi cette pharaon a-t-elle été attaquée après sa mort?', souligne Jun Wong auprès de l'AFP. Par le passé, des chercheurs ont estimé que le beau-fils et successeur de la reine Hatchepsout, Thoutmosis III, avait mené contre elle une campagne de dénigrement posthume pour se venger, en particulier parce qu'il voulait éliminer toute idée qu'une femme puisse régner avec succès.

'La façon dont le règne d'Hatchepsout a été compris a toujours été influencée par son sexe', explique Jun Wong, faisant référence aux croyances, selon lesquelles, Thoutmosis III aurait pu la considérer comme 'une sorte de marâtre maléfique'.

'Nécessités rituelles'

Ses recherches, qui s'appuient sur d'autres travaux récents et dont le résultat a été publié dans la revue Antiquity, affirment que les motivations de Thoutmosis III étaient beaucoup plus nuancées, ce qui jette un doute supplémentaire sur la théorie de l'hostilité à l'égard d'une femme à la tête de l'Etat.

Hatchepsout régna sur l'Egypte il y a environ 3500 ans, après la mort de son mari Thoutmosis II. Elle servit d'abord de régente à son beau-fils, le roi en devenir, mais réussit à consolider son propre pouvoir, s'imposant comme une femme pharaon. Les experts expliquent qu'elle élargit les routes commerciales et commandita des travaux extraordinaires, notamment un tombeau sans équivalent dans la vallée des Rois à Louxor, sur la rive ouest du Nil.

Jun Wong a réévalué des matériaux provenant de statues endommagées découvertes lors de fouilles menées entre 1922 et 1928. Selon lui, il ne fait aucun doute que Thoutmosis III s'est efforcé à éliminer les preuves des réalisations d'Hatchepsout. Mais il était 'peut-être motivé par des nécessités rituelles plutôt que par l'antipathie franche', affirme-t-il.

Ainsi, Thoutmosis III pourrait avoir essayé de neutraliser le pouvoir de sa prédécesseuse d'une manière pratique, qui était courante et non par méchanceté.

L'expert a également découvert que certaines des statues représentant la reine Hatchepsout ont probablement été endommagées parce que les générations suivantes ont voulu les réutiliser comme matériaux de construction.

/ATS