Suisse

L'encaveur Cédric Flacton continue de nier la plupart des faits

01.07.2025 12h29

L'encaveur Cédric Flaction continue de nier la plupart des faits

Cédric Flacton s'est présenté devant le Tribunal cantonal, ce mardi matin.

Photo: KEYSTONE/CYRIL ZINGARO

Accusé de fraude à l'AOC Valais, Cédric Flaction a comparu mardi devant le Tribunal cantonal valaisan (TC). Condamné en première instance à 42 mois de prison ferme en septembre 2024, l'encaveur s'est dit innocent des principaux chefs d'accusation.

Cédric Flaction a une nouvelle fois été jugé pour escroquerie, gestion déloyale, faux dans les titres et instigation à faux dans les titres.

Selon l'accusation (l'Etat du Valais) et le Ministère public, l'encaveur a acquis, entre 2009 et 2015, plus de 730'000 litres de vins espagnols et quelque 130'000 litres de vins schaffhousois provenant de deux sociétés alémaniques. Des achats qu'il a maquillés en intégrant dans sa comptabilité des fausses factures couvrant des prestations en cave, de mise en bouteilles ou du conseil.

'Si j'avais su'

Comme lors du procès en première instance, l’accusé a reconnu avoir établi de fausses factures. Il a toutefois contesté la vente de vins sous le label AOC Valais, tant pour le vin schaffhousois qu'espagnol.

La présidente du tribunal, Camille Rey-Mermet a voulu savoir pourquoi le prévenu avait pris le risque d’acheter du vin espagnol en tant qu’intermédiaire pour des sociétés de Dominique Giroud. 'Si j’avais su ou imaginé ce que j’encourrais, je ne l’aurais pas fait», a avoué Cédric Flaction.

Peine de 5 ans requise

'Pensez-vous avoir toujours servi les intérêts des viticulteurs valaisans ?', a encore questionné Camille Rey-Mermet. 'Sur le moment, je pensais leur rendre service en leur permettant de mieux gagner leur vie. Aujourd’hui, je ne le referais pas.' Cédric Flacton s'est excusé durant son audition 'auprès des sociétés dont j’ai usurpé le nom.'

Durant sa plaidoirie, la procureure générale adjointe Catherine Seppey a estimé que l’accusé 'ne voulait pas sauver le monde viticole (ndlr : comme il le prétend). En réalité, il voulait surtout augmenter sa fortune, en créant des fausses facture et un système opaque en inondant le marché de vins déclassés. Il n'a aucune conscience des actes qu'il a commis.' Catherine Seppey a requis une peine de 5 ans de prions ferme.

Plusieurs poursuites

Pour le MP, le produit de l’infraction se monte à 11,8 millions de francs. Le Tribunal de première instance n’avait retenu qu’une somme de 1,94 million de francs, ne prenant pas en compte les bénéfices liés à la vente de vins mélangés. Catherine Seppey a estimé la créance compensatrice à 11,8 millions de francs. La fortune du quinquagénaire, séquestrée par la justice valaisanne se monte à environ de 11 millons de francs.

'Cette affaire «prend une résonance toute particulière dans un domaine (ndlr. la viticulture) où les valeurs essentielles sont la confiance et l’authenticité', a résumé, Maître Giles Monnier, l’avocat du Service valaisan de l’agriculture, partie plaignante dans cette affaire. 'On ne peut pas laisser plusieurs millions de francs dans la poche de M. Flaction. Sinon le crime lui aura profité et ça ne serait pas acceptable.'

'Un sursis total s'impose'

Avocat de Cédric Flaction, Julien Ribordy a rappelé l'absence d'une inscription au casier judiciaire de son client. L'homme de loi a également mis en exergue, ce qu'il estime être, quatre violations du principe de célérité,. En clair, cette affaire aurait trop trainé, elle qui a démarré en 2014. Julien Ribordy a donc estimé que ce fait devait être un élément majeur du verdict de deuxième instance. 'Le sursis total s'impose', a lâché l'avocat.

Et Julien Ribordy d'ajouter: 'mon client a également subi plusieurs violations du droit d’être entendu et d’égalité de traitement'. Avocat et client ne reconnaissent que le chef d'accusation de faux dans les titres.

En arrêt maladie

La situation financière de Cédric Flaction s’est compliquée depuis l’automne 2024. Selon l’office des poursuites et faillites, ces poursuites se montent à 1,04 million de francs pour deux de ses sociétés et à plus de 277'000 francs au niveau personnel.

Depuis le 23 septembre 2024, l’accusé est en arrêt de travail, d’abord à 100% puis à 60% jusqu’à aujourd’hui. Les retombées médiatiques liées au procès en premier instance n'y seraient pas étrangères, selon Me Julien Ribordy.

'J’aimerais remercier mes parents, mon épouse et j’espère que ce jour mette un terme à huit ans de calvaire pour moi et pour ma famille', a pour sa part conclu Cédric Flaction, en milieu d’après-midi.

Le verdict sera rendu ultérieurement.

/ATS