Homicide par négligence: le médecin juge n'avoir pas fait d'erreur
Le médecin, jugé pour homicide par négligence, estime que la prise de sang n'avait rien révélé d'alarmant (photo symbolique).
Photo: KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLERLe médecin jugé jeudi pour homicide par négligence par le Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers ne comprend toujours pas la cause du décès de son patient. Le prévenu estime que ce dernier avait refusé l'hospitalisation 'en pleine conscience'.
'Je ne pouvais pas le forcer comme médecin. Je devais respecter sa volonté car il avait pleinement son discernement', a déclaré le prévenu qui officie toujours comme praticien. Le patient, âgé de 41 ans, est décédé à son domicile quelques jours après la visite du médecin, soit entre le 23 et le 25 août 2020, selon l'acte d'accusation.
La victime, qui avait un traitement lourd car elle souffrait notamment de schizophrénie, était aussi suivie par le Centre neuchâtelois de psychiatrie (CNP). Le patient se plaignait de faiblesse, de fatigue, d'une perte d'appétit et de vertiges.
Selon le médecin, aussi bien l'examen clinique à son domicile que la prise de sang n'ont rien révélé d'alarmant au niveau infectieux ou inflammatoire. L'accusé a fixé une nouvelle consultation et une nouvelle prise de sang la semaine suivante et lui a prescrit du potassium.
Attitude du CNP mise en cause
L'avocat de la défense, Georges Schaller, s'en est pris aux experts médicaux qui ont 'fait preuve de grande subjectivité'. Il s'étonne que ces derniers ne mentionnent aucun mot sur 'l'attitude du CNP' qui n'a pas répondu aux mails du médecin demandant de s'assurer que le lourd traitement psychiatrique n'affectait pas l'état actuel du patient et qui souhaitait qu'une équipe psychiatrique se rende sur place. 'Le CNP était désorganisé lors du Covid', a déclaré le prévenu.
L'avocat a rappelé que l'autopsie n'a pas pu établir la cause du décès. 'Il n'y a donc pas de lien de causalité entre une éventuelle violation des règles de la médecine, que l'on conteste par ailleurs, et le décès'.
Selon l'acte d'accusation, les résultats de laboratoire 'étaient suggestifs d'une pathologie digestive aiguë potentiellement grave, telle qu'une pancréatite ou un ulcère digestif. Le risque de décès était élevé, au vu de ses comorbidités connues'. Le Ministère public, qui a renoncé à être cité lors de l'audience, a requis une peine de 50 jours-amende contre le médecin.
/ATS