Genève

Soulagé, Philippe Morel contre-attaque

21.04.2023 17h43 Rédaction

Philippe Morel

Le chirurgien-candidat MCG Philippe Morel fait face depuis hier soir à de graves accusations sur une transplantation effectuée il y a 17 ans. Il conteste tout manquement, se dit «soulagé» par les conclusions de Swisstransplant et contre-attaque. Entretien. 

«Je ressens une peine énorme. C’est une attaque sous la ceinture, une calomnie inacceptable. C’est odieux», Philippe Morel ne mâche pas ses mots pour qualifier les révélations d’Heidi.news. Selon nos confrères, le professeur aurait favorisé la greffe d’un foie pour un patient des Émirats Arabes Unis non éligible, au détriment d’un patient suisse éligible à Zürich. Ce dernier finira par mourir faute d’être greffé à temps. 

«Il n’y a pas d’affaire» 

Philippe Morel dément ces allégations: «c’est un montage à quelques jours des élections». Il renvoie à une communication officielle de Swisstransplant, tombée en fin de journée, qui stipule: «la transplantation pouvait être qualifiée de judicieuse sur le plan médical». 

Pourquoi ce patient émirati qui ne résidait pas en Suisse a-t-il été transplanté? «On peut transplanter des non-résidents à condition qu’il n’y ait pas de receveur compatible pour l’organe en question au moment où la greffe a lieu. C’est exactement ce qui s’est passé avec ce patient. Ce n’est de loin pas le seul, ni le premier patient non-résident que nous avons dû transplanter. Ce patient rentrait parfaitement dans les critères légaux et éthiques», précise le candidat MCG 

Un receveur éligible à Zürich aurait-il pu bénéficier de ce foie? «Zürich ne le voulait pas, je me suis assuré de leur refus au téléphone. Et même s’ils avaient répondu "oui", ce foie ne pouvait plus être transporté à cause du délai entre le prélèvement et la greffe».

Philippe Morel a-t-il reçu de l’argent ou des cadeaux à la suite de cette intervention? «La perception d’honoraires pour des patients transplantés est interdite. Je certifie qu’il n’y a eu aucun cadeau, ni à moi, ni à ma famille. Je ne suis pas un homme d’argent, je suis un homme d’intérêt scientifique». 

Soutien marqué du Professeur Léo Bühler 

Sur cette affaire, le Professeur Léo Bühler, membre de l’équipe de Philippe Morel au moment des faits, actuellement chirurgien viscéral aux Grangettes et à la Colline, témoigne en plateau: «Tout a été fait dans les règles. Aujourd’hui, ce sont des ordinateurs qui définissent l’éligibilité d’un patient pour une transplantation. À l’époque, nous étions avant une coordination nationale et l’instauration d’une loi que Philippe Morel a lui-même permis de structurer. C’était l’époque du coup de téléphone et du papier». 

«Cette accusation a un caractère criminel»

Après la défense, place à la contre-attaque. Philippe Morel annonce avoir déposé une plainte pénale pour calomnie contre le média et l’auteure de l’article. 

Furieux, il dit que ce type d’article jette «le discrédit» sur la transplantation en Suisse. «Des personnes encore dans le doute vont décider de ne pas être donneur ou de ne pas accepter le don d’organes. À cause de cela, des patients en liste d’attente peuvent décéder. Cette accusation a un caractère criminel.»

Il s’en prend enfin nommément à deux de ses anciens collègues qui figurent dans l’article d’Heidi.news: «Les Professeurs Berney et Majno ont violé le secret médical et le secret de fonction. Ceci ne pourra pas rester impuni». 

Le Président du Conseil d'État Mauro Poggia a également pris la parole. Sur ses réseaux sociaux, il dénonce un article «honteux», «véhicule d'une action malveillante et calomnieuse visant à porter atteinte à la moralité du candidat Philippe Morel à l'élection au Conseil d'État».

Il dit: «Ainsi, le Prof Morel n’a commis ni faute professionnelle, ni infraction à la déontologie médicale. Le Prof Morel n’a retiré aucune rémunération financière de son acte chirurgical.»