La publicité commerciale sera interdite à Genève
Dès 2025, les affiches de publicité commerciale seront interdites dans les rues de la Ville de Genève. L'initiative "Genève zéro pub" a été approuvée hier soir par le Conseil Municipal, à 39 voix contre 30. Diminuer la surconsommation et dépolluer le paysage urbain sont les principaux arguments des initiateurs.
Il a fallu 1h50 de débat mardi soir au Conseil municipal avant de procéder au vote. Les échanges ont été virulents. Entre considérations économiques ou protection de l’environnement urbain, deux visions s’opposent autour de l’initiative «Genève zéro pub».
«L’affichage commercial sur le domaine public n’est pas anodin. On ne peut pas choisir de voir ou de ne pas voir la publicité dans l’espace public. L’espace public est un espace de liberté dans lequel nous devons pouvoir, en tant que citoyenne et citoyen, refuser une exposition non-sollicitée aux messages publicitaires, ainsi que refuser qu’on marchande notre attention et notre espace mental», argumente Olivia Bessat-Gardet, du parti socialiste.
«Des graphistes, des publicistes, des sociétés d’affichage vont perdre leur emploi. Des entreprises genevoises aussi vont perdre, voir devoir mettre la clé sous la porte», renchérit Michèle Roullet, PLR.
Acceptée contre l'avis du Conseil administratif
L’initiative a finalement été acceptée par le Conseil municipal, à 39 voix contre 30, en désaccord avec le conseil administratif de la Ville de Genève.
«L’affichage commercial sur le domaine public représente aujourd’hui moins de 20% du volume d’exposition, mais près de 90% du revenu. Supprimer l’affichage commercial aurait un impact très limiter sur le paysage urbain, mais un impact très lourd sur les finances municipales et également sur certains secteurs de l’économie genevoise», avance Marie, Barbey-Chappuis, élue au Conseil administratif, chargée du département de la sécurité et des sports.
En effet, la suppression de la publicité commerciale est un trou de 4 millions de francs que la Ville de Genève devra combler. Cette somme viendra se rajouter au déficit initial du budget de la Ville dès sa mise en application en 2025.
Mais au lendemain du vote, les initiants se félicitent: «Sur ces affiches, c’est que les grandes marques qui s’expriment, ce n’est pas les petits commerçants locaux. Ça abîme le paysage et ça nous empêche de développer de vrais réflexes de cohésion sociale et de solidarité», exprime Emmanuel Deonna, du comité de «Genève sans publicité».
Des arguments contradictoires
Un argument néanmoins irrecevable pour l’entreprise d’affichage.
«Aujourd’hui, nous avons en Ville de Genève des supports qui sont grandement utilisés par des annonceurs locaux, des annonceurs qui ont des petits budgets et qui n’ont pas accès à d’autres formats beaucoup plus onéreux, comme l’affichage sur les transports publics ou la communication digitale sur les réseaux sociaux, qui sont plus compliqué à mettre en œuvre. Nous avons ici un affichage qui est bien accepté par le public. Toutes les études l’ont montré. Il n’est pas considéré comme quelque chose d’intrusif. Il est bien accepté de toutes les générations», argumente Christian Vaglio-Giors, CEO de Neo advertising.
Désormais, le Conseil administrative dispose de 3 mois pour proposer un nouveau règlement, auquel un référendum pourrait être imposé.