Genève

" Au coeur des Grottes, c'était un cauchemar "

17.09.2018 17h37 Rédaction

redaction

Ouafae, 42 ans, est passée par le foyer "Au Coeur des Grottes". C’était entre juin 2005 et mai 2006.

Elle se rappelle d’une pensionnaire brésilienne mise à la porte après être rentrée ivre au foyer: "Elle était très vulnérable. Au lieu de l'aider, de l'encadrer, ils l'ont mise dehors dès le lendemain matin. Elle s'est retrouvée à la rue."

Depuis plus de 100 ans, le foyer "Au Cœur des Grottes" héberge des femmes, avec ou sans enfants, en situation de précarité. Le foyer peut accueillir une trentaine de pensionnaires.

"Au cœur des Grottes, certaines femmes étaient en situation illégale à Genève, explique Ouafae. En cas de problème, la direction les menaçait d'être dénoncées à la police", dit-elle.  

Les insultes, Ouafae les a aussi entendues: "sale pu** va prendre ta douche. Tu n'es pas en Afrique ici", lâche-t-elle avec beaucoup de difficulté. 

Cette ingénieure de formation est de confession musulmane, mais le lundi, elle se sentait obligée de participer aux chants chrétiens organisés par la direction. Ouafae raconte: " Les femmes qui n'y participaient pas se faisaient mal voir. Moi, après je me sentais très mal. Je le faisais parce que j'avais peur."

La nourriture périmée servie aux pensionnaires, ça aussi elle l’a vécu. Le foyer récupérait notamment les invendus de certaines grandes enseignes. "On mangeait jusqu'à épuisement des stocks. Souvent, les produits étaient périmés comme le yahourt ou la viande", dit-elle. 

Suite à nos révélations, l’affaire a pris une tournure politique. Après EàG vendredi, le PS de la Ville de Genève demande aujourd’hui à la commission des finances d’auditionner la fondation du foyer. La Ville subventionne le Cœur des Grottes à hauteur de 900 000 CHF par an.

Denis Palma

 

 

La réponse de la directrice du foyer