Genève

Biden à la Maison Blanche, une bouffée d’air pour la Genève internationale

19.01.2021 18h59 Rédaction

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Refus des accords de Paris, départ du Conseil des Droits de l’Homme, divorce annoncé avec l’OMS. L’administration Trump a pendant son mandat porté ses coups de griffe répétés au multilatéralisme. La Genève internationale s’apprête à tourner la page.

Pendant quatre ans, Donald Trump n’a cessé de déstabiliser les organisations internationales et ainsi de donner des coups de griffes aux fondements du multilatéralisme. Dès son investiture, le ton était donné avec un tweet incendiaire à l’encontre de l’ONU : “Les Nations Unies ont un grand potentiel mais pour l’instant c’est juste un club ou les gens se retrouvent, parlent et prennent du bon temps.” 

Parmi les agences internationales les plus touchées, l’Organisation Mondiale de la Santé qui a vu son plus grand bailleur de fonds claquer la porte en pleine crise du coronavirus. Le divorce officiel a été demandé l’été dernier. Les contributions des Etats-Unis ont été stoppées, alors qu’elles représentaient 15% du budget global (l’équivalent de 400 Mio de francs).

À l’origine de la crise, Donald Trump estimait que l’OMS se montrait trop conciliante avec la Chine dans le cadre de la gestion de la pandémie. Privée d’une grande partie de ses ressources, l’OMS a bénéficié d’une rallonge budgétaire de l’Allemagne et de la France.

Du côté de l’Organisation Mondiale du Commerce dont le budget est indépendant, les contributions des Etats-Unis sont arrivées sans incident. La somme, plus modeste, avoisine 20 millions de francs soit 10% du budget de l’organisation. 

Cependant les Etats-Unis ont procédé à de nombreux blocages politiques qui ont empêché la nomination de la présidente de l’organisation ou la constitution de l’équipe des juges de haut niveau (Organe de Règlement des différends). Là encore, Donald Trump a haussé le ton, estimant que la Chine bénéficiait d’un traitement de faveur peu équitable envers les Etats-Unis.

Enfin, l'Organisation des Nations Unies, dont le siège européen principal est basé à Genève, a dû prendre son mal en patience. L’administration Trump a refusé de s’associer aux Accords de Paris sur le climat. En 2018, la rupture entre les Etats-Unis et le Conseil des Droits de l’Homme marquait une nouvelle étape. Le président américain estimait que les organisations internationales avaient favorisé les Palestiniens au détriment d’Israël. Guerre des nerfs également sur le plan comptable. Le contributeur américain accumule les retards de paiements mais s'acquitte toutefois de sa contribution de six cents millions de francs par an, soit 22% du budget de l’organisation. 

Les Nations Unies tempèrent en rappelant que plusieurs dizaines de pays ne sont pas à jour d’un point de vue comptable et que la vocation de l’organisation est de poursuivre le travail avec tous les états quelque soit leur ligne politique.

La Genève internationale peut compter sur la Team Biden.

Trois personnalités vont incarner le retour des Etats-Unis sur la scène du multilatéralisme à Genève.  John Kerry symbolisera le ralliement des Etats-Unis dans les accords de Paris. Connu des milieux internationaux de Genève, il sera le monsieur climat de Joe Biden. 

William Burns, nouveau patron de l’agence de renseignement, la CIA, est un fin diplomate, crédible sur le dossier Syrien.

Enfin, la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations Unies, Samantha Powers est également une figure appréciée. Cette militante de la diplomatie humanitaire a donné le ton de la nouvelle ligne politique par cette déclaration: Le multilatéralisme est de retour.

Les observateurs internationaux de Genève restent toutefois prudents. L’équipe Biden aura dans un premier temps, de nombreux dossiers à régler aux Etats-Unis. La politique internationale ne pourrait reprendre son souffle que progressivement.

 

Texte : Philippe Verdier

Infographies : Marion Wagen

 

À REGARDER - Pour David Sylvan, professeur au Graduate Institute, « en politique internationale, le président américain a des pouvoirs vraiment considérables ».