Genève

"Ça nous renvoie à nos propres émotions" - immersion aux soins intensifs

01.09.2021 18h37 Rédaction

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15 patients gravement atteints du Covid étaient soignés le 30 août aux soins intensifs des HUG. À l'aube de la 4e vague, immersion dans le service du professeur Jérôme Pugin. 

"On avance bien", lâche sur un ton rassurant le médecin-chef des soins intensifs. Un clignement d’œil en réponse. Ces encouragements sont inlassablement les mêmes dans ce service des HUG. Mais depuis la 3ème vague en novembre dernier, le profil des patients a aujourd’hui changé. 

100% des malades soignés pour un Covid sévère aux soins intensifs sont non vaccinés et leur âge a considérablement baissé. La plus jeune d'entre eux est une mère de famille 32 ans. Elle est aussi atteinte d’un Covid sévère. Une machine soutient pour le moment le fonctionnement de son cœur et de ces poumons. Ce lundi 30 août était un jour spécial pour elle. Ses enfants avaient leur rentrée des classes. Sans elle. Sur les 15 patients Covid présents ce jour-là aux soins intensifs, la moitié concerne des cas importés de l’étranger pendant les vacances d’été. 

"On a peur de soigner nos proches"

Pour les soignants, même des mois après l'arrivée des malades du Covid, la détresse est la même. "On a peur de se retrouver dans le lit, on a peur de soigner nos proches, on a peur que cela ne s'arrête pas", souffle Camille Tranchand, infirmière. La vocation, elle, est intacte: "On a envie d'accompagner les patients au mieux et qu'ils sortent d'ici", glisse Laura Clément, elle aussi infirmière.

Chute de l'âge moyen

Quelques mètres plus loin, un autre patient atteint d'un Covid sévère. Il est âgé de 55 ans, sans facteur de risque, et qui lui non plus n’est pas vacciné contre le Covid. Il est conscient et réagit aux questions. Il lève même son pouce, pour nous montrer qu’il va bien. Gravement touché par une embolie pulmonaire, ce quinquagénaire est soigné dans ce service depuis le 19 août. 

Depuis la troisième vague, l’âge moyen des patients a chuté aux soins intensifs: il est passé de 65 à 55 ans. Le variant Delta fait augmenter la proportion des patients hospitalisés qui finissent aux soins intensifs. Située à 10 lors de la troisième vague, elle atteint 25% aujourd'hui. Le variant delta serait la cause de cette augmentation: il est plus virulent que les précédents. 

Denis Palma

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"La baisse de la garde au niveau des gestes barrières est un problème" alerte le Professeur Pugin. S’il s’inquiète de la proportion des non-vaccinés dans son service, il affirme «que le virus peut infecter des personnes vaccinées."

Plusieurs mois après le début de la crise, Jérôme Pugin traverse un jour sans fin. "On a l’impression de se réveiller tous les matins et que c’est le même jour", souffle-t-il. Selon lui, le personnel est usé et englué. Et une certaine colère vient en off de la part des soignants.