Genève

Claudine Burton-Jeangros : «L’OMS est dans une position difficile»

10.06.2020 20h25 Rédaction

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L’OMS poursuit son rôle de boussole mondiale en cette période de crise sanitaire. Son patron l’annonce, si l’avancée de l’épidémie de coronavirus est sous contrôle en Europe, elle s’aggrave au niveau mondial. Invitée du journal, la professeure Claudine Burton-Jeangros met en lumière la difficulté du rôle tenu par l’organisation:  «L’OMS est dans une position difficile, on attend énormément de sa part.»  Alors que le premier cas de coronavirus est observé courant décembre, ce n’est que près de trois mois plus tard, le 11 mars que l’alerte est donnée par l’OMS. Une annonce tardive pour certains. « C’est compliqué. Rappelez-vous pour le H1N1 en 2009, l’OMS avait été accusée d’avoir donné l’alerte trop tôt. L’OMS joue sur une corde tendue. Soit elle en fait trop, soit elle en fait pas assez. » Pareil pour les mesures sanitaires. L’OMS s’est vue reprocher de ne pas avoir donné d’indications au niveau mondial pour que tous les pays puissent être coordonnés. «Même à l’échelle Suisse on n’arrive pas à s’entendre entre le niveau fédéral et le niveau cantonal sur les mesures à prendre, alors imaginez à l’échelle internationale.» La sociologue estime que l’OMS s’est correctement acquittée de sa tâche et rappelle que «à posteriori, c’est toujours plus facile de venir juger la façon dont les décisions ont été prises.»

Autre question, celle du financement de l’OMS. Les USA l’ont annoncé, ils n’apporteront plus leur aide financière à l’organisation. Un affaiblissement considérable pour l’OMS, mais qui, comme l’explique Claudine Burton-Jeangros, «ouvre la porte à d’autres sources de financement. Des financements privés à travers des fondations philanthropiques. On est en train d’évoluer vers une gestion de la santé globale qui se transforme au profit d’intérêts plus locaux.»

Elio Sottas