Consommer local, même après le semi-confinement
Liliane Graf se remémore l’affluence massive qu’à connu son commerce durant le pic de la pandémie. Durant les quelques mois du semi-confinement, sa clientèle a au moins doublé selon elle. Le retour côté français des consommateurs genevois a créé un vide dans le commerce des Graf. Après avoir tout donné, il a fallu adapter la production pour ne pas gâcher. Une période digne des montagnes russes.
Cette forte hausse, Geoffray Sirolli l’a connue lui aussi. Ce maraîcher qui livrait ses paniers garnis uniquement sur la rive gauche s’est vite senti submergé. "Nous faisions une vingatine de paniers d'habitudes, puis pendant le semi-confinement ce nombre a dépassé les 200, nous devions même refuser certaines commandes", raconte-t-il.
Retour aux anciennes habitudes... ou presque
Si après le semi-confinement certains client ont arrêtés de commander, Geoffray a constaté qu’il avait gagné de nouveaux amateurs de fruits et légumes locaux.
Une tendance à la hausse qui l’a aujourd’hui conforté dans une volonté : étendre sa zone de livraison. "Les gens mettaient de faux codes postaux, sur la rive gauche, alors qu'ils habitent rive droite" se souvient-il "alors on a sauté le pas".
Une explosion de courte durée
Durant le printemps, l’union suisse des paysans a enregistré un boom de près de 400% pour certains producteurs. Une explosion retombée depuis pour beaucoup d'entre eux. Peu à peu, la plupart des Genevois ont recommencé à consommer « comme avant », en délaissant les marchés et les fermes.
François Erard, président d'AgriGenève, la faîtière des agriculteurs genevois, estime tout de même à 12% le taux de nouveaux clients pour les ventes directes à la ferme. "Mais globalement, beaucoup sont retournés à leurs mauvaises habitudes", regrette-t-il.
François Erard n’est pas le seul à espérer que ces habitudes changent à nouveau. Le Conseil d’Etat a présenté un projet de loi au Grand Conseil la semaine passée. Un projet de loi visant à encourager les genevois à manger d’avantage de produits cultivés localement.
Julie Zaugg