EXCLUSIF - la deuxième expertise RH plus tendre envers Pierre Maudet
Léman Bleu a pu consulter le rapport confidentiel du juge Fonjallaz, chargé de faire la lumière sur la gestion par Pierre Maudet de son ancien département. Bien que critique, il écarte certaines conclusions très graves du premier diagnostic. Toutefois, Pierre Maudet ne devrait pas retrouver son département.
Si ce rapport fait globalement les mêmes constats sur le mal-être au sein de l’ancienne équipe de Pierre Maudet - quatre absences longue-durée liées à un mauvais climat de travail - il ne considère pas le conseiller d’État comme l’unique responsable. Aucun propos alarmant quant à un risque d’agression contre Pierre Maudet n’y figure, exit les volontés de suicide à l’interne et aucune utilisation des ressources de l’État à des fins personnelles n’est retenue.
Management contesté
Malgré ses grandes qualités reconnues à l’interne, son énergie, sa force de travail, l’expert indépendant formule des griefs d’ordre RH. Trop grande exigence, communication inadéquate, mots durs contre certains haut-cadres, mails envoyés le week-end et la nuit, « déplacements de fonctionnaires comme des pions », bref, un conseiller d’État autoritaire et manquant parfois d’empathie, même si l’expert reconnaît qu’il pourrait être attendu des cadres supérieurs de l’État une certaine capacité d’adaptation. Et le virus n’a rien arrangé. Des réponses rapides ont dû être apportées. Dans ce contexte, Pierre Maudet y a vu une occasion de se racheter auprès de la population, de « se repositionner sur l’échiquier politique » selon ses dires, en multipliant les annonces et les projets. Ses équipes, en sous-effectif et mises sous pression, ont été débordées. L’arrivée de Nathalie Fontanet à la tête de ce département a permis d’apaiser la situation.
Pas seul responsable
En retirant à Pierre Maudet la présidence et la sécurité, en lui attribuant un micro-département, le Conseil d’État a mis les collaborateurs affectés au ministre dans une situation délicate, selon l’expert: « Nous sommes devenus une quantité négligeable de l’État », disent-ils. En passant de 3’500 collaborateurs à 40, Pierre Maudet s’est mis à intervenir au quotidien dans le fonctionnement d’une équipe qui n’en avait pas l’habitude. Le juge Fonjallaz dit même dans sa conclusion: « L’attribution d’un département de si petite taille à un homme politique si actif comportait les germes de difficultés qui se sont développées ».
Confiance rompue
Pour autant, difficile pour Pierre Maudet d’imaginer retrouver son département demain. Après les conclusions du premier diagnostic, le ministre a déposé plainte pénale contre l’auteure de ce premier audit et contre X, à savoir les témoins anonymes ayant selon lui atteint à son honneur. Dans ce contexte de suspicions mutuelles, le juge Fonjallaz recommande au Conseil d’État de maintenir éloigné Pierre Maudet de ses anciennes équipes.
Un rapport qui tranche avec le premier
Pour rappel, en octobre 2020, un premier rapport de diagnostic sévère est déposé sur la table du Conseil d’État. Parmi les témoignages anonymes recueillis et publiés, il est reproché à Pierre Maudet d’utiliser des ressources de l’État à des fins personnelles, d’être un tyran, à la tête d’une équipe à bout, en danger, dont certains menaceraient de se suicider voire de l’agresser physiquement. Dans l’urgence et face à la gravité des allégations, le Conseil d’État retire ses dernières prérogatives à Pierre Maudet, soit l’économie. En parallèle, Pierre Maudet et ses avocats contestent ce rapport, parlent d’un travail bâclé, anonyme et peu transparent, avant qu’une deuxième enquête ne soit commandée.
Jérémy Seydoux