L'autoroute Thonon-Machilly, un aspirateur à voiture vers Genève ?
« Une autoroute Thonon-Genève ». C’est ce que redoutent les opposants genevois au projet de liaison routière en France voisine. Depuis plusieurs mois, le dossier a pris une tournure politique. Mais au delà de ces prises de position, de quoi parle-t’on exactement ? Quels sont les enjeux chiffrés de cette autoroute ? .
Chaque jour, des milliers de travailleurs chablaisiens en voiture empruntent des routes départementales de Haute-Savoie. La zone regroupe 142'000 habitants, 62 communes, et plus de 80'000 actifs. Ces derniers espèrent une autoroute depuis les années 70, le fameux «désenclavement du Chablais».
Davantage de voitures
Mais Genève craint la création d’une autoroute conduisant directement à la cité. Mais actuellement, les flux sont répartis de la sorte: 1/3 des actifs du Chablais vont vers Annecy, Annemasse, la Vallée de l’Arve, soit environ 26'000 personnes. 1/4 vont en Suisse, sur Genève ou Vaud. Soit environ 20’000 personnes. Moins de frontaliers donc, que de personnes quittant le Chablais pour rester travailler en France.
Le responsable mobilité du Genevois français, Ludovic Antoine, s'est penché de près sur ces flux. Et ne nie pas le risque d’augmentation du nombre de voitures avec l’autoroute: «C'est un fait, que ce soit pour l'autoroute de contournement genevoise ou la Liane entre Annecy et Bardonnex. Quand on créé une route plus rapide, il y a un attrait certain».
Soulager les villages
L’autoroute serait toutefois un soulagement selon lui. Les petites routes saturent. Le trafic y a augmenté de 15 à 20% entre 2000 et 2013. Selon les projections, l’autoroute permettrait de retirer 250 voitures par heure en heure de pointe sur la voie de Douvaine. 800 côté Bons-en-Chablais. Une pacification des villages souhaitée, et observée avec la liaison Annecy-Genève. Mais l'exemple de la Liane apporte aussi des constats de problématiques sur ce tronçon, à anticiper pour une future autoroute: «Le prix élevé de l'autoroute fait que les automobilistes passent parfois par les routes secondaires. On observe aussi des points de saturation aux sorties d'autoroute par exemple.»
Les autoroutes de demain
D’où l’idée selon lui de penser l’autoroute de demain: «L'opérateur haut-savoyard ATMB met déjà en place des "hub" multimodaux aux échangeurs, pour se raccorder à la mobilité douce ou encourager le covoiturage. Certains pays innovent aussi. En Suède par exemple, certaines voies d'autoroute sont réservées aux bus et covoiturage. L'Allemagne teste des autoroute recouvertes de panneaux solaires. Les citoyens veulent autre chose que les autoroutes d'hier».
En attendant cette technologie, le principe de l’autoroute Thonon-Machilly fait toujours débat entre les autorités suisses et françaises. Certains préfèreraient une politique orientée sur le train.
Céline Argento