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Le 11 septembre, 20 ans après

10.09.2021 20h06 Rédaction

11.09 20 ans après

Le 11 septembre 2001, 14h46 heure suisse: un avion de ligne percute l’une des deux tours du World Trade Center à New-York. Comme une trainée de poudre, cette image se répand alors dans les télévisions du monde entier qui vont commenter en direct ce scénario catastrophe. Comment journalistes et politiques ont-ils vécus cette journée ? Nous vous emmenons dans les coulisses de Léman Bleu et de la TSR.

La voix chancelante, Michel Chevrolet, rédacteur en chef de Léman Bleu TV ouvre le journal de 18h30 avec les attentats du 11 septembre. Dans les coulisses ce soir-là, Daniel Bernard, alors directeur de Léman Bleu TV. Il se souvient: «Cet après-midi-là, nous étions en séance de budget du Conseil d’administration. Et tout d’un coup la porte s’ouvre avec fracas. Michel Chevrolet débarque sans frapper en nous disant, venez il s’est passé quelque chose de terrible, venez ! On est allés à la rédaction où il y avait un écran branché sur CNN», raconte l’ancien directeur de Léman Bleu de 2000 à 2003. 

Les organisations internationales menacées ?  

Derrière Michel Chevrolet, un mur d’écran, la plupart éteints car la chaîne n’avait pas les droits sur les images d’agences. Sur le plateau, des invités venus répondre à une question ce soir-là: ces attentats peuvent-ils se produire à Genève ? «Sachant que nous sommes une TV locale nous nous sommes demandé si nous devions faire quelque chose. Et la réponse était clairement oui. A cause des organisations internationales et des Nations-Unies», argumente Daniel Bernard.  

Les gens pleuraient au Conseil municipal

Parmi les invités sur le plateau, le président du Conseil d’État Carlo Lamprecht, le chef de la police, Christian Coquoz et le maire de Genève, le socialiste Manuel Tornare. Il se rappelle: «Il a fallu que je prononce un discours au Conseil municipal pour rassurer les gens. Il y en avait certains qui pleuraient, traumatisés d’avoir vu ces personnes qui se jetaient dans le vide», explique avec émotion l’ancien édile.

Un avion de tourisme a percuté les Twins Tower à New-York

A la tour de la TSR, la rédaction prend rapidement l’antenne. Sur le plateau Abraham Zizyadis, Xavier Colin alors chef de la rubrique internationale et Philippa de Roten. Elle présente depuis quelques jours le journal de midi. «L’après-midi, on était à la cafétéria et l’un de nos collègues arrive très agité en nous expliquant qu’un avion de tourisme a percuté les Twins Tower à New-York. Moi, j’avais commencé la présentation du 12/45 depuis 10 jours. J’étais une jeune journaliste peu expérimentée», raconte l’actuelle directrice du département société et culture de la RTS.

Xavier Colin, l’un des premiers à lâcher le nom de Ben Laden

Sidérés, les journalistes découvrent en direct le crash du second avion. Xavier Colin est l’un des premiers à évoquer la piste de Ben Laden. «Je préparais un sujet sur Al-Quaïda et Ben Laden. Le grand public ne connaissait pas son nom mais les services secrets oui, analyse le journaliste. J’ai eu cette intuition de me dire: c’est tellement important et tellement organisé que cela ne peut être que Ben Laden.»

En 30 minutes la rédaction se transforme en fourmilière

À la tour et en peu de temps la rédaction s’est transformée en fourmilière. «J’avais des collègues qui m’amenaient des dépêches. Certains rampaient sous la table pour me les amener. Mais en 30 minutes, tout le monde était là même les gens qui n’étaient pas planifiés», se remémore Philippa De Roten.

Les gens qui tombent, la mort en direct

20 ans après Xavier colin refuse de revoir son travail ce jour-là. «On a vu en direct ce jour-là des gens tomber par les fenêtres, moi je n’ai pas cru que s’était des êtres humains, j’ai cru que s’était des débris. Il a fallu deux à trois minutes pour que je réalise que s’était des gens qui avaient sauté», explique les yeux rougit Xavier Colin.

Que faut-il montrer ? Où se situe la limite ?  

Le 11 septembre 2001 marque une rupture y compris pour les médias. Les images sont utilisées comme un spectacle comme des armes pour semer la terreur. Dans le flux de l’info en continu que faut-il montrer où se situe la limite ? Ces questions font toujours débat dans les rédactions.

«343 pompiers sont entrés sans hésitation»

Cette journée du 11 septembre a aussi eu des conséquences à l’aéroport de Genève. Tous les vols ont été suspendus, confusion parmi les passagers. L’ancien directeur de l’époque Jean-Pierre Jobin se souvient.

L’ancien directeur de Genève aéroport de 1993 à 2006 était en pleine réunion au sujet des problèmes de trésorerie de Swissair lorsqu’il a été informé de la catastrophe qui se jouait de l’autre côté de l’atlantique.

Les tours en feu, puis qui s’effondrent. L’effroi teinté de stupéfaction face à la dextérité des terroristes. Il ne faudra pas longtemps aux autorités pour comprendre que les Etats-Unis venaient de faire face à une attaque terroriste, pour autant, la sécurité à Genève n’a pas été chamboulée. Depuis le 11 septembre, nous n’avons plus jamais pris l’avion de la même manière, les contrôles de sécurité ont adapté leurs protocoles. Si les vols avec les Etats-Unis ont été perturbés quelques jours, c’est un mois plus tard que les conséquences de cet attentat allaient se matérialiser en Suisse avec le grounding de la compagnie nationale

Des évènements qui n’ont pas empêché l’aéroport de Genève de continuer sa croissance, grâce notamment aux vols low-cost en qui Jean-Pierre Jobin était un des seuls à croire à l’époque. Après avoir été éconduit de Zurich, c’est à Genève qu’Easyjet a choisi de s’établir.

«C'était l'effondrement de tout un symbole des États-Unis et de sa puissance»