Genève

Mark Pieth: «Juges et procureurs manquent un peu de courage»

08.02.2021 19h43 Rédaction

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À une semaine du procès de Pierre Maudet, Mark Pieth, professeur de droit pénal et de criminologie à l’Université de Bâle, revient sur la notion «d’acceptation d’un avantage» dont est accusé l’ex-PLR. 

Qu’est-ce qu’un avantage?

Pour Mark Pieth, un avantage ne représente pas un cadeau privé offert à un ami mais bien «quelque chose qui est donné dans un contexte public, sans qu’on sache vraiment pourquoi».

Quelle différence avec la corruption?

Pour parler de corruption nette, il faudrait pouvoir clairement lier l’avantage illicite à la contre-prestation illicite qui est offerte en échange. Or ce n’est pas le cas dans l’affaire Maudet. 

Des affaires similaires jugées en Suisse?

Mark Pieth revient sur le cas d’un procureur valaisan qui, selon les conclusions, avait bénéficié d’une invitation privée de Gianni Infantino au Mondial de football à Moscou. «Il faut faire le tri entre l’acceptation d’un avantage contre de la corruption propre et contre des prestations purement privée», clarifie le professeur de droit.

Comment différencier soutien politique et avantage?

La question est difficile. C’est pour cela que, comme l’explique Mark Pieth, il est toujours préférable que les paiements politiques soient versés à un parti. «Dès que l’avantage est donné à une personne spécifique, on parle immédiatement de corruption.»

La justice suisse trop indulgente jusqu’à présent?

Pour Mark Pieth, la justice suisse est surtout trop politisée. Il rappelle que procureurs et juges sont aujourd’hui élus sur un ticket politique. «Je crois que les procureurs et les juges manquent un peu de courage», sourit le professeur. 

 L’affaire Maudet fera-t-elle jurisprudence?

«J’en suis certain!» affirme Mark Pieth qui estime qu’une condamnation définitive de Pierre Maudet donnerait un peu plus de courage aux procureurs.

 

 

Martin Esposito, Laetitia Guinand, Léa Frischknecht